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BOUGI ou BUGI

Population numériquement la plus importante de la péninsule septentrionale de Célèbes (Sulawesi) en Indonésie, les Bougi étaient environ 3,5 millions dans les années 1990. Cette ethnie fut, avec les Makassar, parmi les premières populations malaises à se convertir au bouddhisme et à faire leurs les coutumes de l'Inde ; toutes deux empruntèrent en particulier une organisation nettement stratifiée — avec râjas, officiers de district, princes et chefs de village — et une forme d'écriture malaise. Les Bougi écrivaient sur des feuilles de palmier. Leur langue, austronésienne, est de type malayo-polynésien.  Culturellement très semblables, ces populations seraient, selon Raymond Kennedy, issues du stock ethnique toradja. Partagées en plusieurs royaumes guerriers (à Goa prédominent les Makassar ; à Boni, les Bougi), elles constituaient de puissantes populations de marins qui, converties à l'islam au début du xviie siècle, tomberont bientôt sous le contrôle hollandais. En 1667, le port de Makassar vient en effet aux mains de la Compagnie hollandaise des Indes Orientales et les Bougi émigrent vers des régions non encore atteintes par les puissances occidentales ; en 1710, ils créent un État bougi à Selangor et, en 1722, s'établissent à Riau. Dans les années 1770, Selangor et Riau attaquent les Hollandais de Malacca et le célèbre roi bougi Râja Ḥādjdjī dirige les attaques de sa flotte dans la péninsule malaise. À la fin du xviiie siècle, Hollandais et Anglais contrôlent Riau, qu'ils occupent, et y établissent un sultan malais. Bientôt le sultan bougi Râja ‘Alī détrône celui-ci, intervention qui fait naître, entre les Bougi et les Malais, des querelles qui ne cesseront qu'avec la fin de la suprématie bougi, au xixe siècle.

Répartis sur le pourtour du golfe de Bone et sur le territoire des Sadan Toradja — toutes terres irriguées et consacrées à la riziculture —, les Bougi, tout comme les Makassar, ont exercé une grande influence économique et politique. Longtemps commerçants et pirates, ils contrôlaient, en particulier par le royaume de Goa avec son port Makassar (Ujungpandang) le trafic des épices dans les Moluques ; les Hollandais s'attachèrent à détruire cette position dominante en s'emparant des comptoirs. Ces mêmes Hollandais remplacèrent en outre le système clanique des Bougi par une organisation gouvernementale très hiérarchisée, et mirent les membres des familles royales à des postes de responsabilité ; cette situation s'est toutefois modifiée depuis l'indépendance de l'Indonésie (1950).

— Yvan BARBÉ

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Pour citer cet article

Yvan BARBÉ. BOUGI ou BUGI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MALAISIE

    • Écrit par Philippe DEVILLERS, Universalis, Nathalie FAU, Denys LOMBARD
    • 17 261 mots
    • 15 médias
    ... siècle, sera l'enjeu d'une âpre lutte entre plusieurs princes indonésiens, soit d'origine minangkabau, tel Raja Kechil de Siak, soit d'origine Bugis, comme le fameux Daeng Parani. Les Bugis, excellents marins, arrivaient des Célèbes et se fixaient notamment dans la région de Selangor et de Johor....
  • MALAISIE ET INDONÉSIE, langues et littératures

    • Écrit par Denys LOMBARD
    • 10 242 mots
    À Célèbes, on parle quatre langues principales dans la péninsule du Sud-Ouest : le makasarais, lebugis, le mandar et le luwu (les deux premières étant les seules étudiées) ; ailleurs, on a identifié une assez grande variété de parlers qui sont loin d'avoir tous fait l'objet d'une description...
  • SULAWESI ou CÉLÈBES

    • Écrit par Universalis
    • 962 mots
    • 1 média

    L'île indonésienne de Sulawesi (autrefois dénommée Célèbes) est l'une des quatre grandes îles de la Sonde. De forme curieuse, elle est constituée de quatre péninsules ouvrant sur trois grands golfes profonds (Tomini au nord-est, Tolo à l'est et Bone au sud) et possède quelque 5 500...

Voir aussi