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ANTHOLOGIE GRECQUE ou ANTHOLOGIE PALATINE

Le genre de l'épigramme connut une grande faveur dans la Grèce antique. Le terme fut d'abord réservé aux inscriptions gravées sur un monument (épitaphe, dédicace d'un ex-voto, légende explicative d'une œuvre d'art), puis il désigna les pièces de vers assez courtes pour pouvoir être gravées, ainsi que de brefs poèmes satiriques. Les Anciens s'attachèrent très tôt à réunir ces textes. La première anthologie fut la Guirlande de Méléagre de Gadara, qui réunit à la fin du ~ iie siècle les épigrammes de nombreux auteurs, dont Callimaque et lui-même. Au ier siècle de notre ère, Philippe de Thessalonique réunit des contributions d'auteurs de son époque, incluant les siennes, d'une tonalité assez rhétorique. Le succès de ces deux anthologies, souvent réunies ultérieurement, éclipsa les autres, dont celle que composa sous Hadrien Diogénien d'Héraclée.

À la haute époque byzantine, l'épigramme connut un nouvel essor avec des auteurs comme Paul le Silentiaire. Ce phénomène fut toujours accompagné à Byzance par l'établissement de nouvelles anthologies. Agathias de Myrina composa ainsi au vie siècle un Cycle regroupant des épigrammes classiques et contemporaines, dont les siennes. Mais il innova en ne les classant pas en fonction des lettres figurant au début des premiers vers des textes, comme le faisaient ses prédécesseurs, mais en les ordonnant par genres (épigrammes votives imitées des Anciens, descriptives, funéraires, anecdotiques, satiriques, amoureuses, bachiques).

Après la tourmente iconoclaste vint l'heure du renouveau des études classiques et de l'épigramme, annoncé dès le début du ixe siècle par Théodore Stoudite. Deux petites anthologies sont connues pour les ixe-xe siècles. Le besoin de combiner en un seul ensemble les différentes collections se faisait sentir. Ce fut probablement au ixe siècle que Constantin Képhalas compila l'ensemble d'épigrammes qui, au xe siècle, devait constituer l'Anthologie palatine. Képhalas n'était pas poète — il était peut-être archiprêtre du palais impérial — et il n'hésita pas, pour les besoins de son classement inspiré de celui d'Agathias, à mutiler des cycles. Malgré son manque de goût littéraire et de curiosité à l'égard des poètes de son temps, il eut le mérite de reprendre les principales anthologies existantes, dont il fit des « morceaux choisis », et il fit copier des inscriptions inédites. Les épigrammes étaient regroupées, à l'intérieur des chapitres, d'après les sujets. Du moins en principe, car Képhalas se montra parfois négligent.

Un classement plus rationnel devait être fait au xive siècle par Maxime Planude, dont le travail d'éditeur fut très apprécié, notamment en Occident après 1453. Les épigrammes étaient groupées par sujets et ensuite ordonnées par sections disposées par ordre alphabétique. Ce ne fut qu'en 1606, après la découverte par Claude Saumaise, dans la bibliothèque Palatine de Heidelberg, d'un manuscrit de l'Anthologie palatine jusqu'alors inconnue en Europe, que les éditeurs se préoccupèrent de la fondre avec la collection de Planude. Ainsi naquit l'Anthologie grecque qui comprend quinze livres reprenant le fonds d'épigrammes communes aux deux recueils et un appendice composé des textes compilés par le seul Planude. La conservation de cet ensemble de trois mille sept cents épigrammes réparties sur plus de dix-sept siècles et fort précieuses pour l'histoire de l'Antiquité et du Moyen Âge est à porter à l'actif de la culture byzantine. Parmi les poètes qui y figurent, citons : Simonide de Céos, Callimaque, Théocrite, Léonidas de Tarente.

— Pascal CULERRIER

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé d'histoire, docteur en histoire byzantine de l'université de Paris-I, chargé de cours à l'université de Paris-VIII (histoire byzantine)

Classification

Pour citer cet article

Pascal CULERRIER. ANTHOLOGIE GRECQUE ou ANTHOLOGIE PALATINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BYZANCE - La littérature

    • Écrit par Universalis, José GROSDIDIER DE MATONS
    • 6 067 mots
    ...certainement à l'impulsion donnée par Constantin VII à la compilation érudite que l'on doit des ouvrages comme le Lexique de Suidas (ou la Souda), la nouvelle Anthologie, réunie vers 900 par le poète Constantin Képhalas et dont une seconde édition sera l'Anthologie palatine, ou le vaste recueil hagiographique...
  • MÉLÉAGRE (Ier s. av. J.-C.)

    • Écrit par Universalis
    • 105 mots

    Épigrammatiste alexandrin, originaire de Gadara (actuellement en Jordanie), surtout célèbre pour avoir réuni la première grande anthologie d'épigrammes et de poésies légères. Le recueil contenait les poèmes d'une cinquantaine d'auteurs, dont Méléagre lui-même ; dans l'avertissement liminaire, chaque...

Voir aussi