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HERCULANO ALEXANDRE (1810-1877)

Histoire et politique

La conception rigoureuse qu'avait Herculano de l'histoire l'amène à faire table rase de l'imagerie traditionnellement acceptée, et il ne tarde pas à s'attirer, de la part d'un clergé aussi mal informé que véhément, des attaques auxquelles il répond magistralement dans Eu e o clero (Le Clergé et moi), Considerações pacíficas sobre o opúsculo Eu e o clero (Considérations pacifiques à propos du clergé et moi) et Solemnia Verba (1850). Son opposition au gouvernement conservateur et antilibéral s'intensifie. C'est dans sa propre maison que se réunissent les hommes qui devaient bientôt accéder au pouvoir.

Sur ces entrefaites, l'écrivain publie Lendas e narrativas (Contes et légendes), parus auparavant entre 1839 et 1844 dans O Panorama. Mais la politique du gouvernement dit de « rénovation » (regeneração) le déçoit. Il crée, en 1851, O País (Le Pays), et deux ans plus tard, O Português (Le Portugais), journaux dans lesquels il attaque vigoureusement le régime. Cette « rénovation » n'est à ses yeux que la mise en place d'une oligarchie financière appuyée par le capitalisme international. Contre le centralisme politique, contre l'alternance au pouvoir de partis qui représentaient les mêmes ambitions et les mêmes intérêts, Herculano défend, sans succès, une large décentralisation fondée sur des municipalités autonomes et fédérées. Élu maire de Belém en 1853, il ne tarde pas à entrer en conflit avec le gouvernement, mais poursuit néanmoins ses travaux et publie le quatrième volume de son Histoire du Portugal la même année, suivie, en 1855, d'une História da origem e estabelecimento da Inquisição em Portugal (Histoire de l'origine et de l'établissement de l'Inquisition au Portugal), ouvrage à la fois historique et polémique où il montre ce que peuvent faire le fanatisme et l'hypocrisie au service de l'absolutisme conservateur. En 1856, Herculano commence à publier, dans Portugaliae monumenta historica, les douze mille documents embrassant la période du viiie au xve siècle qu'il avait recueillis à la demande de l'Académie des sciences.

L'année 1856 marque un tournant décisif. Président de l'Académie, Herculano se voit obligé de remercier un fonctionnaire indélicat que le gouvernement nomme derechef directeur des Archives de la bibliothèque de la Torre do Tombo, d'où l'historien se voit moralement exclu, ce qui mettait pratiquement fin à ses recherches. Ce directeur est révoqué l'année suivante, mais Herculano voit dans cette péripétie « une vengeance sans nom », motivée par son ardente défense du libéralisme et destinée à l'empêcher de poursuivre son œuvre. Son enthousiasme pour les études historiques est entamé, et il envisage le jour où il pourra déposer sa plume comme « le plus beau de sa vie ». Désormais, il délaisse l'histoire, sans l'abandonner tout à fait. Il participe avec vigueur à toutes les discussions de problèmes publics : il s'oppose au concordat avec Rome en 1857, mène campagne en 1858 contre l'installation de certaines religieuses au Portugal, comme contraire à la législation en vigueur.

En 1859, Herculano achète avec ses droits d'auteur – il était un auteur à succès – une propriété près de Santarém (Estremadure) où, après un mariage tardif, il se retire pour se livrer au travail des champs pour lequel il avait toujours eu une prédilection. Ami des princes, il refuse tous les honneurs. Il entretient une volumineuse correspondance, travaille à un cinquième volume de son Histoire du Portugal, organise ses Opúsculos (premier volume publié en 1872), source fondamentale non seulement pour la connaissance de l'homme et de l'œuvre, mais aussi pour l'histoire portugaise au xixe siècle. Son rayonnement, considérable[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Poitiers
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Pour citer cet article

Universalis et Ronny A. LAWTON. HERCULANO ALEXANDRE (1810-1877) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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