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BASHUNG ALAIN (1947-2009)

Alain Bashung - crédits : David Lefranc/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Alain Bashung

La route fut longue et accidentée avant qu'Alain Bashung rencontre son public. Artiste rock aux contradictions affirmées, il réclame de l'amour mais refuse les concessions nécessaires pour l'obtenir. Il se réfère volontiers à Bob Dylan, à Boby Lapointe, à Kurt Weill ou à Phil Spector pour justifier ses errances. L'industrie de la variété ne fait pas bon ménage avec l'avant-garde et Bashung ne doit sa réussite qu'à son exigence extrême, maladive. Il lui faudra une quinzaine d'années d'expériences, de recherches et de rencontres avant de trouver son style, sa voix. Grâce à une chanson, Gaby, oh Gaby, il s'impose enfin en faisant exploser les règles en vigueur, aidé par une presse spécialisée qui refuse de ne voir en lui que le gamin qui fuit la poisse sociale.

Alain-Claude Baschung (avec un « c ») naît le 1er décembre 1947 dans le XIVe arrondissement de Paris. Sa mère est ouvrière dans une usine de caoutchouc et son père est inconnu. « C'est pas facile d'être le bébé von dem hasard », chantera-t-il en 1979 dans Elsass Blues. Il passe ses dix premières années en Alsace, à Wingersheim, chez sa grand-mère. Il y découvre les joies du vélo et de la réussite scolaire. Il retrouve sa mère en 1959 et obtient un B.T.S. de comptabilité. À seize ans, il rompt avec sa famille, travaille comme comptable chez Rhône-Poulenc et nourrit une passion pour le rock, découvert en écoutant les radios allemandes. En 1966, il compose pour Noël Deschamps et enregistre son premier 45-tours. C'est le début de onze années de galère durant lesquelles il accumule les disques confidentiels et les petits concerts. En juin 1967, comme si le destin semblait lui envoyer un signe, il partage l'affiche d'un concert R.T.L. au Palais des sports de Paris avec les Troggs, les Pretty Things et Cream. En 1973, Claude-Michel Schönberg lui fait chanter le rôle de Robespierre dans l'opéra rock La Révolution française. Le succès du disque est immense et une adaptation scénique est donnée au Palais des sports ; Baschung (toujours avec un « c ») incarne cette fois l'accusateur Fouquier-Tinville. En même temps, il est employé comme comptable et responsable artistique par un petit label. Il rencontre Dick Rivers, qui lui demande des compositions et lui confie la réalisation de son album The Dick n’Roll Machine. Leur collaboration va durer trois ans et ouvrira de nouveaux horizons à Bashung. C'est à cette époque que le parolier Boris Bergman entre dans sa vie. En 1977 paraît Roman-photos, un album confidentiel qui, cependant, laisse entrevoir ce qui va suivre. L'album fondateur, Roulette russe, est enregistré deux ans plus tard dans des conditions spartiates. « Je n'ai commencé à vivre artistiquement qu'à ce moment-là. [...] Ce qui pouvait passer pour des défauts, comme ma voix pas extraordinaire, se catalysait en singularité. » Le succès lui est offert aux débuts des années 1980 avec Gaby, oh Gaby, un texte surréaliste sur une mélodie rock dissonante qui préfigure le changement de société qui marquera cette décennie. Suit l'album Pizza et son célèbre Vertige de l'amour (« J'ai crevé l'oreiller, j'ai du rêver trop fort »), couronné meilleur disque de rock en 1981.

Commence alors une nouvelle vie pour Bashung. Les tournées se suivent et rassemblent une foule conquise. Le chanteur se produit également au cinéma avec le film de Fernando Arrabal Le Cimetière des voitures (1983), rompt avec Bergman et s'approprie l'esthétique de Serge Gainsbourg dans Play blessures. La gloire ne parvient pas à refermer ses blessures et son désir de renouveau le conduit à quitter sa maison de disques pour rejoindre Philippe Constantin chez Barclay, qui lui avait rendu son contrat en 1977. La naissance de son fils Arthur, en 1983, lui donne l'envie de canaliser[...]

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Alain POULANGES. BASHUNG ALAIN (1947-2009) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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