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ITURBIDE AGUSTÍN DE (1783-1824)

Général et homme d'État mexicain, né le 27 septembre 1783 à Valladolid, en Nouvelle-Espagne (auj. Morelia, Mexique), mort le 19 juillet 1824 à Padilla, au Mexique.

À l'instar de nombreux jeunes gens de haute extraction dans l'Amérique espagnole, Agustín de Iturbide s'enrôle dans l'armée royale et, en 1797, devient officier du régiment provincial de sa ville natale. En 1810, le prêtre catholique et leader révolutionnaire Miguel Hidalgo y Costilla (1753-1811) lui propose un poste dans l'armée révolutionnaire, mais Iturbide décline l'offre et se voue au contraire à la cause espagnole. Lors de la défense de Valladolid contre les forces révolutionnaires de José María Morelos (1765-1815), prêtre catholique ancien élève de Miguel Hidalgo, il inflige aux insurgés de lourdes pertes et, en récompense, est investi du commandement du district militaire de Guanajuato et de Michoacán. Mais, en 1816, il est limogé à la suite de graves accusations d'extorsion et de violence.

En 1820, les forces indépendantistes radicales sont exsangues. Hidalgo et Morelos ont tous deux été arrêtés et exécutés. Seules des bandes de guérilleros (menées par le général Vicente Guerrero) font obstacle à la victoire complète des royalistes. Le mouvement d'indépendance mexicain accomplit alors un curieux volte-face. En réaction au coup d'État libéral perpétré en Espagne, les conservateurs mexicains (jusqu'ici d'indéfectibles royalistes) réclament l'indépendance immédiate. Iturbide prend dès lors le commandement de l'armée et, à Iguala, réunit ses forces réactionnaires à celle des insurgés radicaux de Guerrero. Publié par Iturbide le 24 février 1821, le programme d'Iguala proclame trois garanties : l'indépendance immédiate par rapport à l'Espagne, l'égalité entre Espagnols et créoles, ainsi que la primauté du catholicisme et l'interdiction de toute autre religion. L'Armée des trois garanties soumet rapidement le pays à la nouvelle autorité. Le 24 août 1821, Juan O'Donojú, nouveau vice-roi envoyé par l'Espagne, signe le traité de Córdoba, qui reconnaît l'indépendance du Mexique.

La coalition révolutionnaire ne tarde pas à se désagréger, Iturbide ayant écarté du pouvoir Guerrero et les insurgés. Le 19 mai 1822, il ceint lui-même la couronne et devient Agustín Ier, empereur du Mexique. Souverain arbitraire et extravagant, il s'avère incapable de ramener l'ordre et la stabilité dans le pays et s'aliène bientôt les différents camps. L'opposition se fédère derrière Antonio López de Santa Anna, qui réclame la déposition et l'exil d'Iturbide. Le 19 mars 1823, Iturbide abdique et s'exile en Italie, puis en Angleterre. Mais il regagne le Mexique en 1824, sans savoir que le Congrès a voté sa mort. Fait prisonnier le 15 juillet, il est exécuté quatre jours plus tard. Même s'il fait figure, aux yeux de nombreux spécialistes, de mercenaire opportuniste, Iturbide continue d'incarner pour l'Église catholique et les classes conservatrices le grand héros de l'indépendance du Mexique.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. ITURBIDE AGUSTÍN DE (1783-1824) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique espagnole

    • Écrit par Jean-Pierre BERTHE
    • 21 855 mots
    • 13 médias
    ..., mais se décidèrent, pour sauvegarder leurs privilèges, à rompre avec une Espagne devenue libérale et réformiste. Ils s'assurèrent l'appui d' Iturbide, officier créole qui s'était révélé l'adversaire le plus acharné des insurgentes. Iturbide réussit à rallier à ses projets une...
  • MEXIQUE

    • Écrit par Jacques BRASSEUL, Henri ENJALBERT, Universalis, Roland LABARRE, Cécile LACHENAL, Jean A. MEYER, Marie-France PRÉVÔT-SCHAPIRA, Philippe SIERRA
    • 33 396 mots
    • 18 médias
    ...la constitution libérale de Cadix, rétablie en Espagne par Riego. Leurs anciens ennemis se rallient et le peuple acclame avec enthousiasme son héros, Agustín de Itúrbide, qui s'était jadis illustré en combattant Morelos et qui proclamait maintenant l'indépendance. En 1822, Itúrbide était sacré empereur,...

Voir aussi