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AGUIRRE, LA COLÈRE DE DIEU, film de Werner Herzog

Aguirre, la colère de dieu (Aguirre, der Zorn Gottes) est le premier long métrage de fiction réalisé par un auteur alors connu pour la qualité de ses documentaires : Signes de vie (Lebenszeichen, 1967) puis Fata Morgana (1970). Il s'agit aussi du premier grand rôle de Klaus Kinski avec Werner Herzog, avant Nosferatu, fantôme de la nuit (Nosferatu, Phantom der Nacht, 1979), remake du film de Murnau, Woyzeck (1979), Fitzcarraldo (1982), et Cobra verde (1987) – films dans lesquels ses personnages alternent, et parfois cumulent, le statut du fou mégalomane et celui de la victime expiatoire. Par l'intensité de ses visions et par le jeu plus grand que nature de l'acteur principal, par le caractère « reportage » d'un tournage, mais aussi par la puissance poétique de la musique, le film atteint un succès que retrouvèrent rarement les œuvres ultérieures du réalisateur.

Toute l'œuvre de Herzog s'intéresse aux humbles, aux exploités, à ceux que l'on classe comme fous : Bruno S., héros des deux films L'Énigme de Kaspar Hauser (Jeder für sich und Gott gegen alle, 1974) et La Balade de Bruno (Stroszek, 1977), mais aussi aux illuminés, et aux rapports de ceux-ci avec la nature et le cosmos.

L'homme qui voulait être dieu

Au début de 1561, un groupe constitué de conquistadores, d'Indiens esclaves, de deux jeunes femmes et d'un moine, conduit par Pizarre, atteint le fleuve Amazone, non loin de sa source, en cherchant la mythique terre d'El Dorado, où se trouve, dit-on, tout l'or du monde. Une partie de l'expédition prend le fleuve, sur quatre radeaux. Mais un matin, les hommes de l'un d'eux sont retrouvés exterminés par un ennemi invisible. Les difficultés s'accumulent. Aguirre, le commandant en second, se mutine contre ceux qui veulent renoncer à l'expédition. Il en fait arrêter puis il fait tuer le chef et élit un « empereur » fantoche des territoires conquis – en fait une forêt impénétrable à la lisière de laquelle bringuebale un trône porté à dos d'homme. Beaucoup périssent des flèches des Indiens, de maladie, ou assassinés. Aguirre reste le seul chef à bord, et devenu fou d'orgueil, rêve de s'accoupler à sa fille Florès pour fonder une « race pure ». Il erre au milieu des morts et des mourants, sur un radeau qui dérive...

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Écrit par

  • : écrivain, compositeur, réalisateur, maître de conférences émérite à l'université de Paris-III

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Michel CHION. AGUIRRE, LA COLÈRE DE DIEU, film de Werner Herzog [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )