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ZEAMI (1363-1443)

Auteur, acteur, compositeur, Zeami est le premier en date des grands dramaturges japonais. Il donna au , dans les premières décennies du xve siècle, l'aspect qu'il a conservé à peu de choses près jusqu'à nos jours. On lui attribue près de la moitié du répertoire actuel de cette forme de théâtre ; mais plus important encore est l'ensemble des traités, longtemps gardés secrets, qu'il avait rédigés à l'intention de ses descendants, et qui constituent l'une des réflexions les plus originales et les plus profondes qui se soient jamais attachées aux arts du spectacle, singulièrement au réseau d'interactions qui se crée entre les trois participants du drame : l'auteur, l'acteur, le spectateur.

Points de repère

En 1374, Yoshimitsu, troisième shōgun de la dynastie des Ashikaga, distinguait, lors d'un spectacle de sarugaku donné en son honneur au temple d'Imagumano, le chef de la troupe, Yūzaki Saburō Kiyotsugu ; il le fit aussitôt venir à sa cour avec son fils Fujiwaka, alors âgé de onze ans. Ces deux personnages seront les créateurs de la plus ancienne forme d'art dramatique japonais, le , et deviendront, sous les noms de Kan.ami et de Zeami, les fondateurs de l'illustre lignée des Kanze, la plus importante des cinq « familles » d'acteurs.

De la vie de ces deux maîtres, on sait assez peu de choses, hormis ce que Zeami en rapporte dans ses Traités : que Kan.ami mourut en 1384 à l'âge de cinquante et un ans au cours d'une tournée en province, que lui-même venait alors d'avoir vingt ans quand il succéda à son père sous le nom de Yūzaki Saburō Motokiyo, que son propre fils Motomasa, « artiste qui n'eut d'égal en aucun moment », disparut prématurément en 1432, à quarante ans, à l'heure où il avait atteint « le degré de parfaite maturité », enfin qu'à soixante-dix ans passés, en 1434, lui-même fut exilé dans l'île lointaine de Sado, à la suite sans doute des intrigues de son neveu On.ami auprès du shōgun Yoshinori, fils cadet de Yoshimitsu ; il chanta son séjour à Sado dans le Livre de l'île d'or (Kintō sho), daté de 1436 ; revenu à la capitale, probablement en 1441, après l'assassinat du despote, il y mourut en 1443 (ou 1444 ?) à quatre-vingts ans passés.

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

René SIEFFERT. ZEAMI (1363-1443) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ASHIKAGA YOSHIMITSU (1358-1408)

    • Écrit par Jacqueline PIGEOT
    • 612 mots
    • 1 média

    Troisième shōgun du bakufu (gouvernement) de Muromachi. Petit-fils d'Ashikaga Takauji, Yoshimitsu avait neuf ans quand il perdit son père Yoshiakira et lui succéda dans les fonctions de shōgun. Il réduisit les grands seigneurs (shugo) toujours prêts à la révolte : Doki Yoriyasu (1379),...

  • JAPON (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Jean-Jacques ORIGAS, Cécile SAKAI, René SIEFFERT
    • 20 234 mots
    • 2 médias
    ...(1358-1408), protecteur des arts et des lettres, qui fit de son siècle un Quattrocento japonais, les découvrit en Kan.ami (1333-1384) et en son fils Zeami (1363-1443). Auteurs, acteurs, metteurs en scène, musiciens, chanteurs et danseurs, ces deux hommes firent en quelques années, du populaire sarugaku...
  • THÉÂTRE OCCIDENTAL - Théâtre et sociétés

    • Écrit par Jean-Marie PRADIER
    • 9 667 mots
    ...l'art le plus spécifiquement japonais, un art qu'un Japonais même ne peut comprendre qu'au prix d'une longue éducation » –, René Sieffert remarque que « le refuse d'entrer dans les classifications qui nous sont familières » (in Zeami, La Tradition secrète du nō, 1960). Au cours de son...
  • THÉÂTRES DU MONDE - Le théâtre japonais

    • Écrit par René SIEFFERT, Michel WASSERMAN
    • 6 919 mots
    • 4 médias
    ...Aux environs de 1350, le dengaku no nō, dégagé de la gangue grossière des sarugaku, avait su, par ses chorégraphies sur des thèmes littéraires et par la recherche du yūgen – ce « charme subtil » dontZeami fera la qualité primordiale du nō –, conquérir la faveur d'un public d'esthètes.

Voir aussi