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URTICALES

Les Urticales forment un ordre de plantes dicotylédones apétales qui possèdent des fleurs petites, généralement unisexuées, dépourvues de corolle et ayant un nombre d'étamines épisépales égal à celui des pièces du calice. L'ovaire supère, uniloculaire, renferme un ovule unique. Les fleurs, en majorité anémogames, sont toutefois entomogames chez quelques genres (Ficus). Au niveau de l'appareil végétatif, les traits principaux des Urticales sont la présence de stipules ordinairement fugaces et, dans l'écorce, celle de fibres souvent résistantes qui leur donnent alors une importance économique. Parmi les autres caractéristiques, fréquentes dans l'ordre, on peut citer l'existence de cystolithes (concrétions de carbonate de calcium) et celle d'un appareil sécréteur qui s'exprime de différentes manières : laticifères vrais non articulés chez les Moracées (figuier, mûrier) et les Urticacées (ortie), canaux sécréteurs, chez les Cannabacées (chanvres, houblon).

Caractères généraux

Moracées : inflorescences et infrutescences - crédits : Encyclopædia Universalis France

Moracées : inflorescences et infrutescences

Les Urticales présentent une grande diversité de port et de types biologiques. On y rencontre, en effet, des phanérophytes de diverses dimensions – arbres de 40 à 50 mètres de haut (Chlorophora, Celtis) ou arbustes (Trema) –, des hémicryptophytes (Boehmeria), des géophytes, des épiphytes (Ficus), des lianes (houblon), des herbes vivaces (grande ortie) ou annuelles (chanvre). Les fleurs, d'abord solitaires, s'assemblent pour donner des inflorescences de plus en plus condensées ; les rameaux inflorescentiels deviennent concrescents, formant une seule masse charnue ; certains de ces assemblages tendent à se disposer comme les éléments d'une fleur. Ces états préfloraux indiquent un caractère surévolué. De profondes modifications accompagnent habituellement ces processus : zygomorphie, disparition du périanthe, réduction de l'androcée à une étamine. Une autre ligne évolutive des Urticales concerne la répartition des sexes : elle va des plantes aux fleurs hermaphrodites (orme) à celles qui sont polygames (Celtis), monoïques (pariétaire) et enfin dioïques (houblon). Ces modifications résultent de l'avortement plus ou moins complet de l'androcée ou du gynécée. La sexualité est d'ailleurs instable, ce qui se traduit par des phénomènes de masculinisation ou de féminisation d'intensité variable.

L'ordre a été découpé en quatre familles étroitement apparentées. Les fleurs des Ulmacées et des Cannabacées ont des filets staminaux dressés dans le bouton ; ils sont infléchis chez les Moracées et les Urticacées. Les Ulmacées, jugées comme les plus primitives, regroupent des arbres et arbrisseaux hermaphrodites ou polygames ; leurs graines, exalbuminées, possèdent des embryons droits. Les Cannabacées sont des herbes dressées ou volubiles, aux tiges fibreuses, dont les semences contiennent un albumen charnu et un embryon courbe ou spiralé. Les Moracées, généralement ligneuses, renferment du latex ; leurs ovules sont pendants. Les Urticacées, considérées comme les plus évoluées, sont ordinairement des herbes dont les ovules sont érigés. Deux autres familles, les Barbeyacées et les Eucommiacées, sont quelquefois incluses dans l'ordre près des Ulmacées, mais leurs caractères spéciaux les en font parfois détacher et placer dans les Hamamélidales.

Les Urticales sont très anciennes (Ficophyllum, Ficoxylon du Crétacé inférieur). Apparentées aux Amentifères, Polygonales et Centrospermales, elles seraient la souche de ces dernières (L. Emberger). Placées par A. Takhtajan dans la sous-classe des Hamamélidées, elles seraient, dans la conception de cet auteur, liées aux « ordres amentifères » et dériveraient directement des Hamamélidales (ordre que L. Emberger classe dans son phylum des Rosales).

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Genève, directeur du département de biologie végétale

Classification

Pour citer cet article

Jacques MIÈGE. URTICALES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Chanvre indien - crédits : Anton Petrus/ Moment Open/ Getty Images

Chanvre indien

Ficus retusa - crédits : Encyclopædia Universalis France

Ficus retusa

Moracées : inflorescences et infrutescences - crédits : Encyclopædia Universalis France

Moracées : inflorescences et infrutescences

Autres références

  • CENTROSPERMALES

    • Écrit par Chantal BERNARD-NENAULT
    • 2 130 mots
    • 7 médias
    Les types primitifs (Chénopodiacées, Amarantacées) présentent de nombreuses affinités avec les Urticales (ortie) : l'inflorescence en cyme contractée, le périanthe simple, les étamines parfois recourbées dans le bouton et face aux pièces périanthaires, l'ovaire supère uniloculaire et uniovulé, les...
  • CHANVRE INDIEN

    • Écrit par Olivier JUILLIARD
    • 748 mots
    • 1 média

    Le chanvre (Cannabis sativa ; cannabinacées) est une herbe annuelle, dioïque, qui ressemble de loin à l'ortie, mais peut atteindre 2,50 m de hauteur ; elle est commune dans toutes les régions du globe, excepté l'Australie. D'une latitude à l'autre, son comportement, sa biologie et...

  • ORTIE

    • Écrit par Pierre LIEUTAGHI
    • 584 mots

    « Mauvaise herbe » détestée, l'ortie est pourtant l'une des plantes les plus utiles d'Europe. Les deux espèces les plus répandues, l'ortie dioïque ou grande ortie (Urtica dioïca) et l'ortie brûlante ou petite ortie (Urtica urens), ont les mêmes emplois. Plante...

  • PARIÉTAIRE

    • Écrit par Pierre LIEUTAGHI
    • 240 mots

    Plante sans aucun attrait, la pariétaire officinale (Parietaria officinalis L. ; urticacées) n'est pas sans vertus. Connue des médecins des premiers siècles, qui l'indiquaient dans la toux, les maux de gorge, les maladies de peau, les tumeurs, les traumatismes, célébrée comme vulnéraire et antilithiasique...

Voir aussi