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UNKEI (1148 env.-1223)

À la fin du xiie siècle, le pouvoir des Fujiwara s'affaiblissant, le Japon connaît d'importants bouleversements sociaux qui se terminent par la victoire de Minamoto Yoritomo (1185) et la fondation d'un gouvernement militaire, le bakufu, à Kamakura.

Si, au début de cette période de Kamakura (1185-1333), Kyōto reste le centre culturel raffiné qu'elle avait été sous les Fujiwara, peu à peu, un art nouveau et réaliste se fait jour. Dans le domaine de la sculpture, à la beauté éthérée et idéalisée des visages pleins de grâce de l'époque précédente succèdent une vigueur et un naturalisme caractéristiques d'une classe sociale différente, à l'esprit pratique : celle des guerriers.

Là n'est pas la seule raison de ces tendances nouvelles. En effet, parallèlement à une renaissance d'anciennes sectes bouddhiques, on assiste à une floraison d'autres sectes qui, ne trouvant plus appui auprès d'une aristocratie déchue, se tournent vers des classes populaires peu cultivées et s'adressent à elles dans un langage simple et concret, par l'intermédiaire d'images susceptibles de les émouvoir et donc proches de leur réalité quotidienne.

Dans cet esprit, Yoritomo, soucieux de restaurer les grands sanctuaires de Nara dévastés par les guerres civiles, fait appel à des sculpteurs, qui sont ainsi amenés à prendre contact et à se familiariser avec les chefs-d'œuvre imprégnés de réalisme du viiie siècle. Ce faisant, ces artistes se trouvent intellectuellement mûrs pour accueillir et assimiler une nouvelle vague d'influences venue du continent chinois, dès lors que reprennent, dans la seconde moitié du xiie siècle, les relations avec l'empire des Song, après plus de trois siècles d'interruption.

Bien des facteurs semblent donc se conjuguer, à l'aube du xiiie siècle, pour permettre à la sculpture japonaise de s'épanouir une fois encore, avant de tomber, à partir des xive-xve siècles, dans la redite et la virtuosité. Ce départ nouveau trouve sa meilleure expression dans l'art d'un maître de génie : Unkei.

Une carrière officielle

Malgré sa renommée, on sait peu de chose sur la vie d'Unkei. Né à Kyōto, il serait le fils du sculpteur Kobei, lui-même descendant à la cinquième génération, du célèbre Jōchō († 1057). Ce dernier avait fondé l'école de la Septième rue (Shichi-jō bussho), qui n'avait cessé de fonctionner depuis lors. Unkei, succédant à son père et entouré de collaborateurs d'aussi grande valeur que Kaikei, autre disciple de Kobei, va redonner à l'école tout son éclat.

Artiste précoce, sa première œuvre authentique, une Senju Kannon pour le Rengyō-in de Kyōto, date de 1164, alors qu'il n'a que quinze ou seize ans. Vers 1190, le shōgun Yoritomo le charge de la restauration de nombreux temples de Nara, dont le Tōdai-ji ; il y étudie les œuvres du passé et, bientôt, pourra combiner l'ancien style de Nara avec le réalisme de son époque. Ces travaux, qu'il poursuivra jusqu'à sa mort en 1223, lui valent les titres les plus honorifiques de la hiérarchie bouddhique et les promotions jalonnent sa carrière officielle : vers 1193, il devient hokkyō (pont de la Loi), puis, en 1195, hōgen (œil de la Loi), et enfin, en 1203, lors de la grande cérémonie de consécration du Tōdai-ji, il accède au plus haut de ces titres, celui de hōin (sceau de la Loi).

On peut distinguer deux grandes périodes dans l'évolution de son style : la jeunesse, époque de formation sous la férule de son père, et la maturité dont relèvent ses chefs-d'œuvre.

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Pour citer cet article

Marie MATHELIN. UNKEI (1148 env.-1223) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JAPON (Arts et culture) - Les arts

    • Écrit par François BERTHIER, François CHASLIN, Universalis, Nicolas FIÉVÉ, Anne GOSSOT, Chantal KOZYREFF, Hervé LE GOFF, Françoise LEVAILLANT, Daisy LION-GOLDSCHMIDT, Shiori NAKAMA, Madeleine PAUL-DAVID
    • 56 170 mots
    • 35 médias
    L'artisan majeur de cette renaissance fut Unkei, qui laissa des œuvres d'une portée universelle, tel le portrait imaginaire de Muchaku, l'un des pères de la secte Hossō. Le corps massif est enveloppé dans une robe sillonnée de plis puissants mais paisibles. Seules les mains sont en mouvement, mais la...
  • NARA, TRÉSORS BOUDDHIQUES DU JAPON ANCIEN. LE TEMPLE KŌFUKUJI (exposition)

    • Écrit par Nicolas FIÉVÉ
    • 1 583 mots

    Haut lieu de la pensée et de l’art bouddhiques, le monastère du Kōfukuji fut un des plus grands temples du Japon entre le viie et le xiie siècle. Les images du panthéon bouddhique, peintes ou sculptées, qui en ornaient les principaux édifices étaient des objets de culte hautement vénérés. Dans...

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