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SUBORDINATION & DOMINANCE HIÉRARCHIQUES

À l'intérieur d'un groupe d'animaux peut s'établir une véritable organisation hiérarchique, reposant sur des phénomènes de dominance de certains individus par rapport à d'autres, qui leur sont subordonnés. Ce type d'organisation (dominance-subordination) prend une très grande importance dans de nombreux groupements sociaux de Vertébrés ; il constitue un élément fondamental de leur structure. Il existe également, mais de manière beaucoup moins fréquente, dans les groupements ou les sociétés d'Invertébrés.

Les phénomènes de hiérarchie sociale, découverts dès 1802 par Pierre Huber dans les sociétés de bourdons, ont été étudiés, en ce qui concerne les Vertébrés, d'abord par T. Schjelderup-Ebbe (1922) qui décrivit le comportement des poulets, puis sur la même espèce et sur bien d'autres par W. C. Allee et ses élèves (de 1931 à 1953). De très nombreux travaux portant surtout sur des Vertébrés et en particulier les Mammifères (M.-F. Bouissou et J.-P. Signoret, 1970, D. van Kreveld, 1970, S. M. Richards, 1974), permettent aujourd'hui de bien connaître la nature du phénomène, les facteurs qui déterminent le rang social d'un individu et les conséquences de la hiérarchie pour l'individu, le groupe et l'espèce.

En effet, la hiérarchie sociale reposant sur les relations de dominance-subordi nation semble avoir une valeur adaptative très importante pour l'espèce, en assurant une solution non violente aux situations de conflit. La majorité des manifestations agressives sont ritualisées, les combats eux-mêmes n'entraînent qu'exceptionnellement des blessures graves.

Il est cependant des cas où le mécanisme de régulation est insuffisant (surpopulation, manque de nourriture). Dans ces situations, le dominé en subit les conséquences et peut être éliminé de l'alimentation ou de la reproduction.

La manière dont la structure hiérarchique résout les situations de conflit ainsi que la tolérance mutuelle observée peuvent varier selon les espèces, en fonction de leur agressivité propre, de leurs exigences alimentaires, de l'espace vital, etc. Mais, dans l'ensemble, les phénomènes de hiérarchie sociale participent de manière fondamentale, dans beaucoup de sociétés animales (non dans toutes, cependant), à l'adaptation qu'exige la vie en groupe.

Le rang social chez les Vertébrés

Relation de dominance-subordination

Dans un groupe de poulets vivant ensemble depuis quelque temps, on n'observe plus de manifestations d'agressivité si le grain donné aux animaux est suffisamment réparti dans l'enclos. Mais si l'on crée une situation de compétition, en plaçant un seul tas de grains devant le groupe affamé, on constate qu'un seul poulet (individu alpha) s'approche aussitôt et se nourrit activement. D'autres se tiennent à proximité, mais ne prennent pas de nourriture. Si quelques graines sont dispersées, un poulet qui en est proche peut s'en saisir, mais l'animal alpha fait un mouvement de menace, ou bien donne un coup de bec à l'intrus ; celui-ci s'éloigne immédiatement et ne rend jamais le coup de bec.

Si l'on enlève le dominant (alpha), on voit immédiatement un autre poulet (bêta) prendre sa place et dominer tous les autres comme le faisait alpha.

En éloignant ensuite successivement l'animal qui est dominant à chaque phase, on constate que sa présence empêchait les autres de manger, ce qui met en évidence la hiérarchie dans le groupe : l'ordre dans lequel les oiseaux se donnent des coups de bec (peck-order d'Allee), ou ordre de préséance (rank-order de W. Etkin), en est le signe.

Il est important de souligner que cette préséance n'est pas soutenue par des combats fréquents ; elle est acceptée par tous. C'est seulement de manière occasionnelle qu'un individu dépasse les[...]

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Pour citer cet article

Marie-France BOUISSOU, Georges LE MASNE et Jean-Pierre SIGNORET. SUBORDINATION & DOMINANCE HIÉRARCHIQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COMPORTEMENT ANIMAL - Comportement social

    • Écrit par Dalila BOVET
    • 3 610 mots
    • 9 médias
    ...nourriture, l'accès aux partenaires sexuels ou à certains lieux (un emplacement pour construire un nid, une place à l'ombre dans la savane...). L'individu dominant peut éloigner ses subordonnés de ces ressources par sa seule présence ou des menaces, sans avoir besoin de combattre. La dominance est relative...
  • GRANDS SINGES

    • Écrit par Victor NARAT
    • 6 656 mots
    • 10 médias
    ...peuvent se nourrir sur un même arbre avec les membres d'une autre communauté (ce qui est extrêmement rare pour les chimpanzés). Chez les chimpanzés, les mâles dominent hiérarchiquement les femelles, et seul un mâle est dominant sur tous les autres individus. Chez les bonobos, il y a une codominance mâle-femelle....
  • PRIMATES

    • Écrit par Bertrand L. DEPUTTE
    • 22 942 mots
    • 12 médias
    ...(sans nécessairement s'interrompre) entre le quatrième et le huitième mois chez les Cercopithécidés. L'intensité de ces processus de sevrage est d'autant plus forte que l'organisation sociale est de type coercitif : ainsi, chez les macaques à queue de cochon (Macaca nemestrina), l'organisation sociale...
  • PROGÉNITURE, éthologie

    • Écrit par Rémy CHAUVIN
    • 3 564 mots
    • 1 média
    ...présenté des individus de différentes sortes à de jeunes singes dans des conditions plus naturelles permettant la comparaison. Ils constatent alors que les jeunes ne reconnaissent guère leur mère avant trois mois ; mais que, à 12 semaines, ils préfèrent nettement leur mère à une étrangère. Il existe une...

Voir aussi