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SOCIÉTÉS FRATERNELLES, Révolution française

Le 22 décembre 1789, l'Assemblée constituante, par la distinction qu'elle établissait entre citoyens actifs et citoyens passifs, avait écarté de la vie politique toute la masse populaire du pays. C'est le désir qu'eurent les citoyens passifs de se rassembler et de faire entendre leur voix autrement que par l'émeute, ainsi que celui de s'instruire et d'instruire les autres sur les choses de la politique, qui fut à l'origine de la création des sociétés populaires.

Conçues à l'imitation des clubs et sociétés politiques qui se multipliaient, les sociétés populaires sont originales par leur recrutement. Le nom de société fraternelle, d'abord réservé aux seules sociétés qui admettaient les femmes (Société fraternelle des deux sexes), ne tarda pas à devenir générique par référence à la fraternité des citoyens. La première société populaire fut créée le 2 février 1790 par le maître d'école Claude Dansart ; elle demeura isolée et vécut dans l'obscurité jusqu'à la fin de l'année 1790. La société de Claude Dansart était surtout une société d'instruction civique où on lisait et commentait les textes législatifs.

Durant l'été 1790 commence à s'organiser une puissante campagne de presse en faveur de ces sociétés. Marat d'abord, puis Fréron, les futurs Girondins, Roland, Lanthenas, enfin tous les chefs de la Révolution comprennent le parti que l'on pourra tirer des sociétés populaires. Les sociétés se développent considérablement dans les premiers mois de l'année 1791, à Paris en particulier où elles forment avec la plus importante d'entre elles, le Club des Cordeliers, un comité central (une telle organisation existait déjà à Lyon depuis le mois d'août 1790).

Les sociétés mènent l'agitation populaire jusqu'à l'affaire du Champ-de-Mars. Il s'ensuit un temps de répit, mais ce mouvement reprend en 1792, favorisé par la situation intérieure et par la guerre. Discours, échanges de correspondance, motions, pétitions se multiplient, alors que les sociétés se dépouillent de leur caractère de centre d'instruction civique pour devenir l'un des centres de la vie politique et de l'essor révolutionnaire. Le droit de contrôle que s'arrogeaient ces sociétés sur la vie politique devint une véritable théorie du pouvoir populaire. En tout cas, les sociétés fraternelles sont à l'avant-garde du mouvement patriote, poussant toujours la Révolution en avant.

Au 10 août, les sociétés fraternelles avaient rempli leur tâche : la royauté était renversée. Les sociétés avaient maintenu le contact entre l'action directe du peuple et la représentation populaire issue d'une élection censitaire. Mais, désormais, leur intermédiaire n'était plus nécessaire : la distinction entre citoyens actifs et passifs étant abrogée, les assemblées de section s'ouvraient à tous ; ce sont elles qui allaient désormais constituer la tribune du mouvement populaire.

— Jean DÉRENS

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, bibliothécaire à la bibliothèque historique de la Ville de Paris

Classification

Pour citer cet article

Jean DÉRENS. SOCIÉTÉS FRATERNELLES, Révolution française [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CORDELIERS CLUB DES

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 1 558 mots

    C'est le 27 avril 1790 que naît la Société des Amis des droits de l'homme et du citoyen tenant ses séances en l'église des Cordeliers. Avant d'abriter un club, l'église avait donné son nom à l'un des soixante districts parisiens créés en avril 1789. Le district des Cordeliers,...

Voir aussi