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SARAKATSAN

Terme qui désigne les pasteurs transhumants d'origine ethnique commune de la péninsule balkanique tout entière ; il est employé de préférence aux noms de Vlakh, Valaque, ou Koutso-Valaque (semi-Valaque), qui ont introduit une confusion entre ces pasteurs transhumants et les habitants de l'ancienne principauté de Valachie.

Le terme Sarakatsan (Karakatsan ou Karakatchan) aurait pour origine une tribu de transhumants du Pinde, celle des habitants de Malakassi, dénommés Katsani. Ceux-ci tiendraient ce nom d'un certain Kassianos ou Katsanos, potentat albano-valaque du xive siècle, ou d'un de ses descendants, chef des Malakassiens à la fin du même siècle et gendre du despote d'Épire, Thomas. À ce nom de Katsani serait venu par la suite s'ajouter en préfixe l'adjectif kara signifiant noir. Par ailleurs, sara-katsan en albanais voudrait dire « noir chevrier ».

Les Sarakatsan sont les descendants les plus purs du plus vieux substrat balkanique, et leur latinisation, au temps de l'Empire romain, comme du reste la latinisation des habitants de la Roumanie actuelle, reste une hypothèse. Ils ne s'étaient, en effet, jamais soumis à aucune autorité politique jusqu'à l'avènement de l'empire ottoman qui fut très tolérant à leur égard.

Les parlers sarakatsan qui semblent apparentés au latin — ils sont classés parmi les langues romanes — ne sont que des vestiges des antiques parlers illyriens et thraco-daces, ceux des tribus qui occupaient dans l'Antiquité l'ouest et l'est du triangle balkanique. Ils sont de ce fait très proches des dialectes les plus archaïques d'Albanie, d'une part, et de Roumanie, d'autre part. Ceux des Sarakatsan qui ne se sont pas sédentarisés vivent regroupés en grandes ligues de familles indivises, d'origine clanique commune ou appartenant à des clans différents, nommées stani ou kalivi (cabanes) ; ils constituent ainsi des villages ambulants administrés par un chef, parfois héréditaire, choisi dans la famille la plus riche ou la plus valeureuse. Chez ceux qui ont bâti dans les montagnes de véritables bourgs avec des maisons en pierre et des bâtiments publics, l'administration est plus collégiale. Depuis le Moyen Âge, les Sarakatsan des régions centrales de la péninsule se déplaçaient à l'automne vers le littoral adriatique et ionien et vers le littoral égéen ; les Sarakatsan de la Šar Planina du Balkan et du Rhodope se dirigeaient vers le bassin du Danube et de la Maritsa et vers la région de Serres. Dès le Moyen Âge, l'Église orthodoxe utilisa ces populations comme véhicules du christianisme au sein de la péninsule. En souvenir de la Romania (Byzance), les Sarakatsan se donnent le nom de Romani. Ils sont restés les piliers de l'orthodoxie et sont les seuls montagnards balkaniques qui ne se soient pratiquement pas convertis à l'islam durant la période ottomane. Au cours de la reconversion professionnelle des tribus balkaniques, imposée par le pouvoir ottoman et l'Église orthodoxe depuis le xviie siècle, ils se sédentarisèrent en partie. Un certain nombre de leurs clans s'installèrent dans les villes carrefours de la péninsule et s'adonnèrent au commerce et à l'artisanat. D'autres fondèrent les bourgs et des « villes tribales » à partir desquels ils exercèrent les métiers ambulants de médecins, de caravaniers, de maçons, de tisserands, de fourreurs, etc. Au xixe siècle, bien qu'on les ait souvent assimilés aux Grecs, on évaluait leur nombre à 500 000 dans la seule partie des Balkans rattachée encore à l'empire ottoman. Après l'établissement des frontières des États nationaux, ceux d'entre eux qui étaient restés transhumants durent payer des droits de douane et de multiples impôts sur leur bétail. Ils ne circulèrent donc plus qu'à l'intérieur des frontières de chaque État. Touchés par la[...]

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Emmanuel ZAKHOS-PAPAZAKHARIOU. SARAKATSAN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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