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JACOBS RENÉ (1946- )

Le chef lyrique

En 1983, la recréation de l'opéra Orontea de Cesti au festival d'Innsbruck, dont l'enregistrement reçoit un accueil international enthousiaste, marque les débuts de la carrière de chef lyrique de René Jacobs. Fréquemment invité par les plus grands théâtres et festivals européens, il explore tout d'abord l'univers de l'opéra italien du xviie siècle : Xerse (Innsbruck, 1987), Giasone (Innsbruck, 1987) et La Calisto (Théâtre royal de la Monnaie, Bruxelles, 1993) de Pier Francesco Cavalli ; L'Incoronazione di Poppea (Montpellier, 1990), Il Ritorno d'Ulisse in patria (Montpellier, 1992) et L'Orfeo de Claudio Monteverdi (festival de Salzbourg, 1993). La plupart de ces partitions étant conservées sous des formes minimalistes ou lacunaires, René Jacobs signe pour chacune de ses productions des arrangements qui se distinguent par leur splendeur sonore et la profusion de parties instrumentales composées pour la circonstance, s'inspirant en cela des représentations historiques de cour plutôt que de la pratique des théâtres publics et payants du xviie siècle. De même, ses interprétations accordent un soin tout particulier à l'ornementation vocale et à la réalisation de la basse continue.

À partir du début des années 1990, René Jacobs se produit de moins en moins comme chanteur et privilégie sa carrière de directeur musical. En janvier 1991, il est nommé directeur artistique du festival de musique ancienne d'Innsbruck (Innsbrucker Festwochen der Alten Musik) ; en 1992 de Deutsche Staatsoper Unter den Linden de Berlin le désigne comme chef principal invité et conseiller artistique pour le répertoire des opéras des xviie et xviiie siècles. Grâce au soutien déterminant de ces deux institutions, il réhabilite les grands compositeurs allemands d'opéra du xviiie siècle : Cleopatra e Cesare de Carl Heinrich Graun (Berlin, 1992), Orpheus de Georg Philipp Telemann (Innsbruck, 1994), Croesus de Reinhard Keiser (Berlin, 1999). Il s'est également confronté aux répertoires classiques plus tardifs : Écho et Narcisse de Gluck (Hambourg, 1987), La Finta semplice (Innsbruck, 1991) et Così fan tutte (Aix-en-Provence, 2000) de Mozart, Il Mondo della luna de Joseph Haydn (Innsbruck, 2001). Enfin, l'opera seria italien du xviiie siècle forme un nouveau pôle d'intérêt : après avoir enregistré Flavio et Giulio Cesare de Haendel, il produit Griselda d'Alessandro Scarlatti (Berlin, 2000) et Agrippina de Haendel (Paris, 2000, reprise en 2003). René Jacobs participe par ailleurs à la redécouverte de l'oratorio Les Sept Paroles du Christ, attribué à Pergolèse, dont il dirige l’interprétation au festival de Beaune en 2012.

— Denis MORRIER

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Écrit par

  • : professeur d'analyse et de culture musicale à l'École nationale de musique de Montbéliard et au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

Classification

Pour citer cet article

Denis MORRIER. JACOBS RENÉ (1946- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • OPÉRA - Le renouveau de l'opéra baroque

    • Écrit par Ivan A. ALEXANDRE
    • 11 918 mots
    • 3 médias
    ...ces tentatives isolées, la théorie viennoise l'emporte, même où elle se présente sous un masque nouveau. Tout disciple d'Alan Curtis qu'il se réclame, René Jacobs, qui a découvert l'opéra vénitien en chantant l'Erismena de Cavalli (1655) dirigée par Curtis à Amsterdam, n'appliquera-t-il...

Voir aussi