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GROSSET RAYMOND (1911-2000)

Le directeur de l'agence de presse Top-Rapho, Raymond Grosset, est né le 21 février 1911 à Paris. Très jeune il entre au service de la filiale française de la société américaine Paramount, où il apprend la technique du traitement cinématographique. À Montmartre, il se lie d'amitié avec plusieurs photographes immigrés des années 1930, notamment les Hongrois Brassaï, Nora Dumas, Ergy Landau et sa retoucheuse autrichienne Ylla.

En 1937, Raymond Grosset quitte la France pour la Finlande, où la Paramount lui confie l'installation d'un laboratoire. Il y restera trois ans, jusqu'à sa mobilisation. En 1940, il rallie le général de Gaulle à Londres et s'engage dans la 1re Division des Français libres ; il participe aux combats de la région du Proche-Orient, d'Italie, et, le 15 août 1944, débarque avec les Américains à Cavalaire, dans le sud de la France.

À la Libération, Raymond Grosset retrouve à Paris ses amis photographes, membres pour la plupart de l'agence Rapho, créée en 1933 par le Hongrois Charles Rado, désignée par la contraction de « Rado » et de « Photo ». Lui-même exilé juif, Rado a quitté la France occupée pour New York, où il installe un nouveau bureau pour Rapho. À la demande des photographes parisiens, Raymond Grosset accepte en 1946 le poste de directeur, resté vacant. Le noyau de l'agence est essentiellement constitué de compatriotes de Rado et de Robert Doisneau, arrivé à New York en 1939. D'autres photographes, encore inconnus, intègrent bientôt l'agence : Willy Ronis, André Gamet, Émile Savitry et Serge de Sazo, suivis, dès le début des années 1950, par Pierre Belzeaux, Janine Niépce et Sabine Weiss. Dans le paysage du photojournalisme international, Rapho affirme sa spécialité d'agence d'illustration, au contenu souvent symbolique ou poétique qui lui valent une bonne diffusion aux États-Unis.

En 1951, Raymond Grosset épouse Barbara Byrne, une ancienne collaboratrice de Charles Rado, ils auront trois enfants : Jessica, Kathleen et Mark.

Personnage élégant, autodidacte brillant, Raymond Grosset noue des liens avec des photographes américains dont il distribue les images en Europe. Le photographe Stanford Roth et le directeur de l'agence de presse Black Star, Howard Chapnick, compteront parmi ses partenaires privilégiés.

Raymond Grosset fait partie du petit groupe réuni en 1954 autour d'Albert Plécy pour créer l'association Gens d'images, qui instituera deux distinctions : le prix Niépce récompensant chaque année un jeune photographe et le prix Nadar qui couronne le meilleur livre consacré à la photographie.

Rapho continue d'attirer les photographes de l'école « humaniste », au contenu social et sensible : Dominique Berrety, Denis Brihat, Jean Dieuzaide et John Launois rejoignent l'agence dans les années 1960. À un moment où la photographie est considérée comme un matériau et les photographes comme des fournisseurs, Raymond Grosset se range du côté des défenseurs des droits d'auteur, pour la mise en place de barèmes de paiement, pour le « crédit », c'est-à-dire la présence de la signature du photographe dans chaque publication. Il est à l'origine de la reconnaissance internationale que reçoit l'œuvre de Jacques-Henri Lartigue, alors complètement ignoré en France.

En 1975, Barbara Grosset décide de se consacrer spécifiquement à la protection des auteurs photographes. Elle encourage la vente de tirages de collection et participe à l'implantation de l'agence dans le domaine de la photographie en couleurs que la presse réclame en priorité. Hans Silvester, Georg Gerster, Jean-Erick Pasquier, Roland et Sabrina Michaud, membres de l'agence depuis plusieurs années, profiteront de cette ouverture.

En 1977, alors que le bureau new-yorkais est fermé depuis six ans, Rapho rachète l'agence[...]

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Hervé LE GOFF. GROSSET RAYMOND (1911-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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