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CICERI PIERRE LUC CHARLES (1782-1868)

La scénographie et le décor romantiques doivent beaucoup en France à un homme de grand talent, d'origine italienne, Pierre Ciceri. Très lié aux créateurs du mouvement romantique et ayant étudié l'architecture, il est le fournisseur attitré des principales scènes de Paris. Il s'est fait une spécialité comme « peintre de paysages » à l'Opéra (paysages en tous genres, avec ou sans ruines, alors à la mode), dont il devient décorateur en chef en 1810. Certains de ses décors sont entrés dans l'histoire du théâtre romantique, tel celui qu'il peignit pour Robert le Diable de Meyerbeer (1831) et qui était la copie, d'une « vérité prodigieuse », nous dit Théophile Gautier, du couvent de Monfort-l'Amaury. Ayant travaillé avec le célèbre Daguerre, l'inventeur du diorama, Ciceri employa les procédés nouveaux d'illusion et de mouvement dans certaines de ses réalisations. Ainsi, dans La Belle au bois dormant de Carafa (1825), il utilisa un cyclorama mobile, c'est-à-dire une immense toile peinte s'enroulant aux deux extrémités de la scène et que l'on fait défiler par un procédé de tambours à manivelle donnant l'illusion d'une « ravissante perspective devant les ondulations d'un bateau ».

Ciceri est le véritable chef de file de l'école scénographique du xixe siècle, en particulier pour l'opéra et le ballet. Il a participé à de nombreuses créations dont le Guillaume Tell de Rossini (1829) et Giselle d'Adolphe Adam (1841), qui lui ont valu le surnom de « sorcier favori du moment ». Il se fait le spécialiste des grandes toiles panoramiques de fond de scène où la décoration de l'époque traduit tous les « états d'âme » du paysage romantique. Il utilise dans sa recherche des effets d'ombres et de lumières, le gaz d'éclairage pour la mise en scène d'un opéra de Nicoló, Aladin, ou la Lampe merveilleuse (1822). La mise en scène romantique tient là sa plus grande conquête. La réalisation d'Aladin coûte cent soixante-dix mille francs, somme considérable (à la Comédie-Française, le baron Taylor accorde à Ciceri un crédit de quinze mille francs pour les décors d'un spectacle). C'est Ciceri encore qui se plaît à multiplier les décors de Henri III et sa cour d'Alexandre Dumas père, « véritable événement dans l'art du spectacle » et de l'Othello de Vigny. Tout ce vacarme dans le domaine de la décoration fait encore merveille en 1830 lors de la bataille d'Hernani.

— Armel MARIN

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Écrit par

  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

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Armel MARIN. CICERI PIERRE LUC CHARLES (1782-1868) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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