Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PANAMÉRICANISME

L'expression de « panaméricanisme » désigne un mouvement qui tend à rassembler les États du Nouveau Monde dans un ensemble organisé favorisant leur coopération politique, économique et culturelle. Si le Canada n'y a jamais participé, en revanche, les jeunes États des Caraïbes anglophones y ont adhéré dès leur accession à l'indépendance et ont été admis dans un système qui, jusque-là, ne comprenait, à côté des États-Unis, que les pays de l' Amérique centrale et de l'Amérique du Sud : l'Organisation des États américains (O.E.A.).

Créée en 1948, à Bogotá, celle-ci constitue le cadre institutionnel du panaméricanisme.

Simon Bolivar - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Simon Bolivar

L'origine de ce mouvement est, cependant, beaucoup plus ancienne. On l'attribue à l'initiative de Simón Bolívar, qui convoqua, en 1826, à Panamá, les représentants des jeunes républiques pour conclure un traité d'union des confédérations. Les États-Unis y envoyèrent des représentants qui ne parvinrent jamais à rejoindre le Congrès et l'on discutera toujours sur la véritable ampleur du « rêve de Bolívar » pour déterminer si, dans sa pensée, l'Union devait comprendre les États-Unis ou, au contraire, se limiter à un ibéro-américanisme.

On peut tout autant faire remonter le panaméricanisme à la formulation, en 1823, par le président Monroe, de sa célèbre doctrine tendant à dresser une barrière contre les intrusions de l'Europe en Amérique latine (cf. doctrine demonroe). Cette doctrine supposait un continentalisme. L' isolationnisme nord-américain atteignait l'ensemble d'un continent dont l'isolement géographique devait protéger l'intégrité politique contre les interventions européennes.

Si celles-ci se produisirent à diverses reprises au cours du xixe siècle, elles ne supportent cependant aucune comparaison, quant à la fréquence et à l'importance, avec celles des États-Unis. Tirant profit de l'isolement continental et de la position privilégiée qu'ils s'étaient faite en son sein, ils ont voulu conquérir, au sud du río Grande (qui, depuis 1848, marque la frontière entre le Mexique et la partie indiano-latine du continent), non seulement des positions économiques dominantes, mais également une influence politique décisive. Le panaméricanisme a ainsi revêtu un certain caractère équivoque : mouvement d'expansion de l'impérialisme yankee ou association des républiques américaines ?

Pratiquement, l'expansion de l'impérialisme yankee n'a cessé de se manifester, ne serait-ce qu'à raison du déséquilibre objectif créé par l'extraordinaire développement des États-Unis face à une Amérique latine économiquement livrée aux contradictions du sous-développement et aux maux politiques qui en sont, avec l'instabilité gouvernementale, la conséquence habituelle. Cependant, les républiques latino-américaines sont tout de même parvenues à doter le système interaméricain de principes et d'institutions qui, en dépit des méconnaissances dont ils sont victimes ou des difficultés qu'elles rencontrent, donnent au panaméricanisme actuel un visage nouveau. Cette évolution résulte essentiellement du fait que, conçu dans l'isolationnisme continental, le panaméricanisme subsiste aujourd'hui au sein d'un monde exigu où le régionalisme perd de son exclusivisme, cependant qu'au plan proprement américain la sécession cubaine tend à porter à l'échelle mondiale les problèmes de l'Amérique latine.

Le panaméricanisme dans l'isolement continental

L'isolationnisme nord-américain n'a été inspiré que par la volonté de rompre avec l'Europe, vieux continent marqué des péchés de l'obscurantisme religieux, de la misère et de la guerre. Les « Pilgrim Fathers » avaient voulu créer un monde nouveau au Nouveau Monde.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

René Jean DUPUY. PANAMÉRICANISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Simon Bolivar - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Simon Bolivar

Fidel Castro, 1960 - crédits : Keystone/ Getty Images

Fidel Castro, 1960

Fidel Castro aux Nations unies, 1975 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Fidel Castro aux Nations unies, 1975

Autres références

  • ALLIANCE POUR LE PROGRÈS

    • Écrit par Universalis
    • 928 mots

    Créée le 13 mars 1961 à Washington, l'Alliance pour le progrès (Alianza para el progreso) est lancée en août par la conférence de Punta del Este qui définit ses objectifs et ses organes d'exécution. L'effort entrepris s'inscrit dans la ligne politique inaugurée par les États-Unis, en 1895, lors...

  • AMÉRIQUE LATINE - Évolution géopolitique

    • Écrit par Georges COUFFIGNAL
    • 7 514 mots
    Le 2 décembre 1823, James Monroe, cinquième président des États-Unis, fixait dans un message au Congrès les principes qui devaient guider la politique étrangère de Washington vis-à-vis de l'Europe et de l'Amérique latine : « ... weshouldconsideranyattempt on their part to ...
  • MONROE DOCTRINE DE

    • Écrit par Claude FOHLEN
    • 1 847 mots
    • 1 média
    ...l'interprétation de la doctrine. Désormais, la puissance américaine est fortement assise, la conquête du continent est terminée, la Frontière a disparu. Le monde est livré aux grandes puissances. Dans ce contexte nouveau, la doctrine de Monroe se mue en une forme d'impérialisme au profit des États-Unis.
  • OEA (Organisation des États américains)

    • Écrit par Universalis
    • 368 mots
    • 3 médias

    Instituée le 30 avril 1948 par les États qui participaient à la IXe conférence panaméricaine réunie à Bogotá, l'Organisation des États américains (O.E.A.) regroupe l'ensemble des États souverains de l'Amérique. Sa charte constitutive lui donne pour objectifs d'œuvrer au renforcement de la...

Voir aussi