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REDDING OTIS (1941-1967)

Chanteur et auteur-compositeur américain, Otis Redding est l'un des grands stylistes de la soul des années 1960. Né le 9 septembre 1941, à Dawson, en Georgie, Redding est élevé à Macon, où il est profondément influencé par la grâce subtile de Sam Cooke et par l'énergie de Little Richard. À la fin des années 1950, il entre dans le groupe de Richard, les Upsetters, lorsque celui-ci décide de mener une carrière de soliste. C'est comme imitateur de Little Richard que Redding remporte son premier succès mineur, Shout Bamalama, pour le label Confederate d'Athens, en Georgie.

L'histoire de la percée de Redding fait partie de la mythologie de la musique soul. Redding rejoint les Pinetoppers de Johnny Jenkins, groupe georgien, et leur sert de chauffeur. Lorsque le groupe se rend à Memphis, dans le Tennessee, pour enregistrer aux célèbres studios Stax, Redding chante deux de ses propres chansons à la fin de la séance d'enregistrement. L'une d'elles, These Arms of Mine (1962), attire l'attention d'un responsable (Jim Stewart) et d'un directeur artistique (Phil Walden) de la maison de disques, qui croient beaucoup en son talent. Sa carrière est lancée.

Le chant à pleine gorge de Redding devient la référence des grands artistes soul de la décennie. Mettant à nu ses émotions, il chante avec une puissance incroyable et une sincérité irrésistible. « Otis avait le cœur sur la main », dira Jerry Wexler, dont le label Atlantic détient la distribution de Stax, amenant ainsi Redding sur le marché national.

Les succès s'enchaînent vite – I've Been Loving You Too Long (to Stop Now), 1965 ; Respect, 1965 ; Satisfaction, 1966 ; Fa-Fa-Fa-Fa-Fa (Sad Song), 1966. L'influence de Redding s'étend au-delà de ses chansons réalistes. Comme compositeur, souvent en compagnie de Steve Cropper, il introduit une nouvelle sorte de rhythm and blues, épuré et très trempé. Il arrange ses chansons au fur et à mesure qu'il les écrit, chantant les parties de trompette et de la section rythmique aux musiciens et, en général, sculptant le son total. Ce son, la signature de Stax, va résonner pendant des décennies. Redding devient un leader de facto, présidant aux destinées d'un groupe qui sera aussi influent que les grands ensembles de rhythm and blues associés à Ray Charles et à James Brown qui l'ont précédé.

Redding entretient des relations extraordinaires avec sa section rythmique – Cropper à la guitare, Donald (« Duck ») Dunn à la basse, Al Jackson à la batterie et Booker T. Jones aux claviers (connus sous le nom collectif de Booker T. and the MG's). Redding s'avère également doué pour le duo ; les succès qu'il remporte avec Carla Thomas qui enregistre pour le même label (Tramp et Knock on Wood, 1967) renforcent son aura romantique.

Lorsque la Stax/Volt Revue vient électriser l'Europe, c'est Redding qui mène le jeu. Il convertit le style hippie en musique soul au festival pop de Monterey (en Californie) en 1967 et entame une nouvelle phase de succès lorsque son destin le rejoint. Le 10 décembre 1967, un avion s'écrase dans un lac du Wisconsin, près de Madison. Parmi les victimes figurent Otis Redding et son groupe. Redding a vingt-six ans.

Ironie du sort, le succès total que Redding a recherché ne viendra qu'après sa mort. Sa composition la plus lancinante, coécrite avec Cropper, arrive en tête des classements : (Sittin' on) The Dock of the Bay (1968), une complainte douce-amère sur l'indolence et l'amour. Le public pleure sa disparition en écoutant ses disques. En 1968, trois autres chansons de Redding – The Happy Song (Dum Dum), Amen et Papa's Got a Brand New Bag – sont à la une des classements. Il reste un géant du genre, un maître très vénéré du chant soul.

— David RITZ

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Pour citer cet article

David RITZ. REDDING OTIS (1941-1967) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SOUL

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 533 mots
    • 1 média

    Issue du gospel, du blues et du rhythm and blues, la soul music fait connaître les grandes voix de la communauté noire américaine, comme Ray Charles, Otis Redding et Aretha Franklin.

    C'est à l'église que la plupart des chanteurs noirs de l'après-Seconde Guerre mondiale ont appris les rudiments de...

Voir aussi