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NANOPARTICULES

Quelques effets de taille...

L'optique est un domaine de choix pour illustrer la différence entre la matière massive et la matière divisée. En effet, les longueurs d'onde de la lumière, allant de 400 à 600 nm dans le visible, sont très petites à notre échelle, mais très grandes par rapport aux nanoparticules. L'apparence et la couleur des corps dépendent essentiellement de deux processus : l'absorption, qui se traduit par une diminution de l'intensité d'une onde traversant le corps, et la diffusion, qui intervient quand le milieu présente des variations locales d'indice optique sur des régions de taille comparable à la longueur d'onde.

Ainsi, l'oxyde de titane est un matériau parfaitement transparent dans le visible, s'il est massif et pur. Il trouve cependant son usage en peinture comme « pigment blanc » : dispersé en particules micrométriques dans une huile ou un vernis, il renvoie, par diffusion, dans toutes les directions de l'espace, la lumière qu'il reçoit. L'enduit ainsi formé paraît donc opaque et blanc comme le lait (et pour les mêmes raisons). Mais, réduit à l'état de nanoparticules, l'oxyde de titane redevient transparent car les grains sont trop petits pour diffuser la lumière visible mais, en revanche, ils absorbent les rayons ultraviolets. Ainsi, en jouant uniquement sur la taille des grains, l'oxyde de titane sert à la fabrication d'une peinture blanche ou de crèmes cosmétiques antisolaires et transparentes.

Autre domaine de la physique, le magnétisme permet d'apprécier la matière divisée. Dans une pièce de fer macroscopique, les aimants élémentaires forment souvent des arrangements complexes pour refermer les flux à l'intérieur du morceau. En revanche, une nanoparticule est toute simple : c'est un « monodomaine », c'est-à-dire l'équivalent d'une minuscule aiguille aimantée, avec un axe nord-sud bien défini. Si on inclut de tels grains dans une matrice solide, ils sont bloqués dans une position déterminée ; toutefois, l'application d'un champ magnétique antagoniste peut retourner leur aimantation. Il y a donc deux états possibles (orientation « up » et orientation « down ») par nanograin. L'utilisation de telles particules accroît, par rapport aux méthodes actuelles, la densité de stockage de l'information en mode binaire.

Des nanoparticules magnétiques dispersées dans un liquide permettent d'obtenir un « ferrofluide ». Ce nouveau liquide, aux propriétés spécifiques, se déforme sous l'effet d'un champ magnétique extérieur : ainsi, à l'aide d'un petit barreau aimanté, il est possible de faire monter ce liquide le long des parois du récipient. Les ferrofluides sont d'ores et déjà utilisés industriellement, en particulier comme joints liquides maintenus par lévitation magnétique.

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Écrit par

  • : professeur au Collège de France, directeur de l'École supérieure de physique et de chimie industrielles de Paris, Prix Nobel de physique 1991
  • : agrégée de physique, docteur ès sciences, professeur honoraire à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Gilles DE GENNES et Madeleine VEYSSIÉ. NANOPARTICULES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Nanoparticules dans un poumon de souris - crédits : 2004 by the Society of technology, Toxicological Sciences 77, 126-134

Nanoparticules dans un poumon de souris

Nanoparticules : stabilisation - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nanoparticules : stabilisation

Nanoparticules : production de grains de taille homogène - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nanoparticules : production de grains de taille homogène

Autres références

  • ARNm THÉRAPEUTIQUES

    • Écrit par Bruno PITARD
    • 6 616 mots
    • 5 médias
    L’étape suivante dans la mise au point de vecteurs efficaces a consisté en la construction de nanoparticules lipidiques, appelées en anglais lipidnanoparticles (LNP). Les LNP-ARNm ont une taille d’environ 100 nanomètres de diamètre. Ils sont constitués par l’assemblage de plusieurs molécules lipidiques...
  • NANOTECHNOLOGIES

    • Écrit par Claude WEISBUCH
    • 6 286 mots
    • 4 médias
    ...émulsifiant pouvant être du blanc d'œuf, de l'huile ou une gomme). On connaît depuis l'Antiquité la coloration rouge du verre par absorption optique due à des nanoparticules de cuivre ou bien d'or, agglomérées dans une matrice de verre. Ce procédé de coloration, déjà pratiqué par les Romains, est toujours...
  • NANOTECHNOLOGIES (enjeux et risques)

    • Écrit par Francelyne MARANO
    • 5 969 mots
    • 1 média
    Pour bien comprendre les interrogations actuelles sur les dangers et les risques des nanoparticules, il faut avoir en tête leurs propriétés spécifiques, qui ont permis l'explosion de leurs utilisations mais qui portent également en germe leurs dangers potentiels. En effet, un matériau donné divisé en...
  • PRIX NOBEL DE CHIMIE 2023

    • Écrit par Lucien SAVIOT, Sandrine ITHURRIA-LHUILLIER, Corinne CHANÉAC
    • 1 990 mots
    • 1 média
    ...1920, les physiciens se sont intéressés au problème de la « particule dans une boîte ». Ils ont prédit que la longueur d’onde de la lumière émise par une nanoparticule d’un matériau semi-conducteur dépendait de sa taille. Ce phénomène est dû au fait que l’énergie libérée sous forme de lumière – pour que...

Voir aussi