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AMSTERDAM-PLEYEL MOUVEMENT

Le 27 mai 1932, Henri Barbusse et Romain Rolland, deux écrivains français qui avaient déjà manifesté leur opposition à la guerre de 1914-1918, lancent un appel pour un Congrès mondial contre la guerre. Cette initiative, dont la paternité historique revient à Barbusse, était encouragée, sinon suscitée par le Parti communiste français. De cette origine témoigne le contenu de l'appel qui, s'il fixe comme tâche au futur Congrès de « susciter une grande œuvre de ralliement, une vague de fond contre la guerre recommençante », se situe dans le droit fil de l'orientation définie par l'Internationale communiste en 1927-1928, c'est-à-dire la défense de l'U.R.S.S. menacée par l'impérialisme.

L'appel connaît un retentissement important dans les milieux intellectuels : Einstein, Henrich Mann, John Dos Passos, Upton Sinclair, Bertrand Russell, Gorki adhèrent au comité d'initiative. Par contre, la réponse des organisations politiques et syndicales non communistes est largement négative : en particulier, l'Internationale ouvrière (socialiste) et les partis qui lui sont affiliés se méfient d'une initiative venant de personnalités proches du mouvement communiste — qui, à l'époque, ne leur épargne guère les attaques les plus violentes — et interdisent à leurs adhérents d'assister au Congrès.

Malgré ce veto, le Congrès mondial contre la guerre, primitivement prévu à Genève en juillet 1932, se réunit à Amsterdam en août de la même année ; il bénéficie d'une participation non négligeable de socialistes (15 p. 100) et de syndicalistes. L'influence communiste y reste cependant prédominante et aboutit à la création d'un Comité mondial de lutte contre la guerre impérialiste. Cette emprise, qui inquiète certains participants, et le maintien de l'hostilité socialiste vont empêcher le mouvement de s'élargir : le Congrès de la salle Pleyel, réuni à Paris en avril 1933, est exclusivement européen, et l'influence communiste y est encore plus forte.

Par la suite, le Mouvement verra ses objectifs se modifier, et l'arrivée de Hitler au pouvoir l'amène à ajouter l'antifascisme unitaire à l'antimilitarisme. Dans cette voie, le Comité Amsterdam-Pleyel joue un rôle de précurseur. Après les événements de février 1934 en France, il essaie de provoquer des rencontres unitaires de la gauche et des syndicats. Cette tentative avorte : la S.F.I.O. refuse de participer à des réunions convoquées par un mouvement dont la neutralité lui paraît douteuse. La naissance du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, beaucoup plus large, et que ne contrôle aucune organisation, relègue au second plan le Mouvement Amsterdam-Pleyel ; le projet avancé par celui-ci d'un rassemblement antifasciste de tous les courants intellectuels de gauche, pouvant se poser en animateur tutélaire du Front unique antifasciste, a dès lors échoué. Il se contentera de participer aux rencontres et aux manifestations du Front populaire et de poursuivre sa campagne contre la guerre.

— François BROUSSE

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François BROUSSE. AMSTERDAM-PLEYEL MOUVEMENT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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