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VERSAILLES MÉNAGERIE ROYALE DE

La Ménagerie royale fut, en 1662, la première grande commande architecturale de Louis XIV, alors même que Versailles n'était qu'un petit pavillon de chasse hérité de son père. Les travaux, confiés à Louis Le Vau, débutèrent en 1663 et s'achevèrent l'année suivante (le décor intérieur ne se sera terminé qu'en 1669). Implantée au sud-ouest du parc de Versailles, la Ménagerie fut progressivement délaissée dès la fin du règne de Louis XV et entièrement rasée en 1902. Il s’agissait de l'une des constructions les plus curieuses du règne de Louis XIV : elle se composait d'un corps de logis qui était relié, par une galerie, à un surprenant pavillon octogonal, coiffé d'un dôme surmonté d'un lanternon, d'où rayonnaient sept cours réservées aux animaux. Les grands oiseaux – Demoiselles de Numidie, spatules, pélicans ou casoars – étaient prédominants, mais on y trouvait aussi des éléphants, chameaux, autruches, crocodiles, tortues... Ce rassemblement prestigieux d'animaux exotiques et rares (provenant d'achats ou de cadeaux diplomatiques), que l'on présentait aux princes et ambassadeurs, participait directement de la politique de prestige et de magnificence de la Couronne.

Si la tradition d'entretenir près du souverain une collection d'animaux exotiques était connue dès l'Antiquité, et si déjà les princes de la Renaissance avaient des ménageries dans leurs cours, celle de Versailles offrait un modèle résolument nouveau, repris dans toute l'Europe. La première innovation était de rassembler en un même lieu, permanent et non plus itinérant, les animaux autrefois dispersés dans les enclos des diverses résidences royales. Par ailleurs, la Ménagerie de Versailles était la première à opérer une classification des espèces, chacune étant répartie dans des cours adaptées. Enfin, la véritable scénographie élaborée par Le Vau, avec son plan radial et le rayonnement des cours à partir d'un point d'observation surélevé, sera largement imitée, notamment par l'empereur François Ier de Habsbourg pour la ménagerie de Schönbrunn, achevée en 1752.

Destinée aux plaisirs et divertissements de la Cour, la Ménagerie de Versailles a également joué un rôle important dans l'histoire des sciences, en contribuant, par les dissections opérées sur les cadavres d'animaux, aux progrès de l' anatomie comparée. Les observations réalisées par les anatomistes de l'Académie des sciences, sous l'égide de Claude Perrault, étaient effectuées le plus souvent à Paris, à l'Académie ou au Jardin du roi. Parfois, des séances publiques étaient organisées à Versailles. La plus mémorable concerne la dissection de l'éléphant du Congo (offert en 1668 par le roi du Portugal), par Joseph-Guichard Du Verney, le 22 janvier 1681, en présence du roi. Ces observations scientifiques contribuèrent à la publication des Mémoires pour servir à l'histoire naturelle des animaux, dont le premier volume paraît en 1671. Sous Louis XV, les dissections se poursuivirent, mais c'est à partir des années 1740 que ces recherches connurent un nouvel essor, lorsque Buffon entreprit la rédaction de son grand œuvre, l'Histoire naturelle, sans conteste l'une des plus grandes avancées scientifiques des Lumières.

— Hélène DELALEX

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Hélène DELALEX. VERSAILLES MÉNAGERIE ROYALE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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