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HAMON LÉO (1908-1993)

Né à Paris, Léo Hamon, né Léo Goldenberg est fils d'un médecin marxiste émigré de Russie ; avocat à vingt-deux ans et secrétaire de la conférence du stage des avocats à la Cour de cassation et au Conseil d'État, il est docteur en droit en 1932. S'il éprouve « la vénération du droit public », ce spécialiste de droit administratif prend aussi plaisir à défendre la Fédération générale des fonctionnaires et les maires communistes, « militants exemplaires, portés par les mythes ardents de leur idéal ». Ces relations seront à la base de ses amitiés dans la Résistance. Replié à Montauban, « dans la douceur de la patrie conservée », il apparaît à son camarade Jean Cassou comme animé d'une « diserte bonne humeur ». Elle ne l'empêche pas de revenir clandestinement à Paris et d'y animer le Comité d'action contre la déportation des travailleurs français vers l'Allemagne. C'est à ce titre qu'il conduit le commando qui détruit le fichier de toute une classe de recrutement, sabotant ainsi le Service du travail obligatoire (S.T.O.).

« Force d'entraînement dans Paris profané », selon Maurice Schumann, il est vice-président du comité parisien de la Libération et dirige la prise de l'Hôtel de Ville en août 1944 ; il est aussi le négociateur de la trêve des combats qui irrite le P.C.F. mais, selon Daniel Mayer, sauve Paris des destructions et lui préserve sa beauté.

L'abbé Pierre - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

L'abbé Pierre

Sénateur du département de la Seine de 1946 à 1958, il tente d'aider l'abbé Pierre en 1954 pour qu'on affecte des crédits à la construction de logements d'urgence ; c'est après le rejet de son amendement et les décès de sans-abri victimes du froid dans Paris que se déclenche l'« insurrection de la bonté ». Hostile à la Communauté européenne de défense, Léo Hamon quitte le M.R.P. avant la fin de la IVe République et passe, à cinquante ans, l'agrégation de droit public. Professeur de faculté, il participe à de nombreux groupes de gaullistes de gauche à partir de 1959, puis préside l'Initiative républicaine et socialiste.

Vice-président du comité des programmes de l'O.R.T.F. de 1965 à 1969, il siège au Conseil économique et social de 1964 à 1968. Élu député de l'Essonne en juin 1968, il devient secrétaire d'État auprès du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas en juin 1969 ; porte-parole du gouvernement jusqu'en mai 1972, il veille à faire passer dans les faits la suppression du ministère de l'Information, incompatible avec la « nouvelle société ». Il est ensuite, du 15 mai au 5 juillet 1972, secrétaire d'État chargé de la Participation et de l'Intéressement ; il agit conformément à sa conviction que « le pouvoir est en charge de l'État tout entier » ; il déplora ensuite les défaillances de la majorité et sa « tendance à user et abuser de ses privilèges ».

Le doyen Vedel salue, à son retour à la Sorbonne, la solidité de son érudition et l'ardeur de sa parole. Infatigable participant des colloques les plus divers, il y apparaît en quête de pistes nouvelles, saluées dans ses Mélanges sous le titre d'Itinéraires (Economica, 1982). Auteur, alors qu'il était ministre, de deux volumes, Acteurs et données de l'histoire (P.U.F., 1970 et 1971), il publie ensuite La Révision (Stock, 1974), Socialisme et pluralités (Gallimard, 1976), Une République présidentielle (2 volumes en collaboration, Bordas, 1977-1978), Les Juges de la loi (Fayard, 1987), Lettre au président nouvellement élu (Éditeurs juridiques réunis, 1988) et, enfin, ses Mémoires, Vivre ses choix (Laffont, 1991).

— Charles-Louis FOULON

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

Classification

Pour citer cet article

Charles-Louis FOULON. HAMON LÉO (1908-1993) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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L'abbé Pierre - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

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