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LE CONTE DES CONTES, Giambattista Basile Fiche de lecture

À Naples, dans les années 1620, les réformes culturelles lancées par le vice-roi visent à l'hispanisation des milieux culturels locaux. Quelles voies sont alors offertes aux artistes et aux intellectuels napolitains ? La voie académique, comme celle de l'Académie des Oziosi (Oisifs), qui tend à assigner à l'intellectuel un rôle subalterne ; les séductions de l'ailleurs, qui mènent les créateurs comme Giambattista Marino à chercher la gloire sous d'autres cieux ; enfin le dilettantisme et le repli dans l'écriture dialectale qui revitalise des formes désormais figées. Déçu par le médiocre succès de ses écrits académiques en langue vulgaire, Giambattista Basile (1575-1632) va ainsi produire, sous l'anagramme Gian Alesio Abbattutis, un chef-d'œuvre, Lo cunto de li cunti, overo lo Trattenemiento de' peccerille (Le Conte des contes, ou le Divertissement des petits enfants). « Le plus beau livre italien du xviie siècle », selon Benedetto Croce, ne sera publié qu'après la mort de l'écrivain en 1634-1635.

Comme le suggère le titre attribué à l'œuvre par son premier éditeur napolitain, Le Pentaméron, repris par Croce en 1925 pour sa traduction en italien, Le Conte des contes est construit sur le modèle du Décaméron de Boccace : une fiction-cadre introduit la narration interne de cinquante récits répartis sur cinq journées.

Maléfices et sortilèges

L'amorce inventée par Basile se situe dans le registre du merveilleux. Frappée de malédiction par une vieille femme dont elle s'est imprudemment moquée, la princesse Zoza est condamnée à remplir de ses larmes une cruche pour libérer un prince, Tadeo, endormi par une fée, de son tombeau de marbre blanc. Mais une esclave mauresque, Lucia, en se substituant à Zoza dans son travail de résurrection, se fait épouser et engrosser par le prince. Zoza s'installe dans un palais voisin, pour tramer sa vengeance : elle utilise une poupée magique, qui lui a été offerte par une fée, pour insuffler à sa rivale l'envie d'écouter des histoires pendant les cinq jours qui la séparent de l'accouchement. Dix conteuses sont choisies pour alterner leurs récits devant la petite cour de Tadeo : « Et au jour dit – lorsque l'étoile de Diane éveille l'Aube pour décorer les chemins où le Soleil doit se promener – elles se trouvèrent toutes au lieu convenu. Tadeo ne jugea pas opportun d'immobiliser là toutes ces femelles pour un caprice de son épouse ; en outre, il étouffait à voir tant de monde ; il en choisit donc dix, les meilleures de la ville, celles qui, lui sembla-t-il, avaient la langue la mieux pendue et la plus experte. » Des églogues versifiées concluent chacune des quatre premières journées. La cinquième journée, elle, ne compte que neuf récits, le dixième étant la conclusion de l'histoire de Zoza qui vient raconter sa propre histoire, réussissant à semer le doute dans l'esprit du prince. Lucia démasquée, Zoza peut épouser Tadeo.

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Pour citer cet article

Françoise DECROISETTE. LE CONTE DES CONTES, Giambattista Basile - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BASILE GIAMBATTISTA (1575-1632)

    • Écrit par Paul LARIVAILLE
    • 851 mots

    Napolitain engagé dans l'armée vénitienne, c'est lorsqu'il se trouvait en garnison dans l'île de Candie, que Giambattista Basile fut admis à l'Académie des extravagants, fondée par le noble vénitien Andrea Cornaro. Rentré dans sa patrie en 1608, il ne quittera plus le territoire de Naples que...

Voir aussi