Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BYZANTIOS KONSTANTINOS (1924-2007)

Peintre grec installé à Paris, Konstantinos Byzantios, appelé aussi « Dikos », a fait partie des grandes figures de l'école de Paris avec l'Espagnol Eduardo Arroyo et le Russe Serge Poliakoff.

Né à Athènes en novembre 1924, il entre à l'école des Beaux-Arts d'Athènes dans les ateliers des maîtres Konstantinos Parthenis et Umberto Argyros. La capitale grecque est alors déchirée par la guerre civile opposant les résistants communistes et le pouvoir monarchiste, dont une fraction a collaboré avec l'occupant (déc. 1944-févr. 1945). En mars 1946, la guerre civile recommence encore plus violemment. Les anciens résistants reprennent les armes pour se protéger de la terreur blanche qui ravage le pays. Konstantinos Byzantios obtient une bourse du gouvernement français pour poursuivre ses études à Paris et quitter ce pays où toute expression artistique non conformiste est interdite. Il fait partie des fameux « boursiers Milliex », du nom du sous-directeur de l'Institut français d'Athènes, Roger Milliex, grand résistant lui-même et époux de l'écrivain Tatiana Gritsi. Ce dernier réussit à affréter un bateau sur lequel il fait embarquer une centaine d'étudiants grecs, anciens résistants ou simples militants de gauche, pourchassés par la police royaliste et qui risquent la prison, voire la mort.

Au début des années 1950, Konstantinos Byzantios se lie d'amitié avec le critique d'art Georges Duthuit, gendre de Matisse, le peintre Alberto Giacometti, et surtout avec son compatriote Christian Zervos, le fondateur de la revue Les Cahiers d'art et de la galerie du même nom. Sa première exposition personnelle a lieu à Paris en 1951, à la galerie Ariel. À partir de 1954, il se rapproche du courant de l'abstraction lyrique. Il expose ses œuvres abstraites à la galerie Jeanne Bucher en 1962, avec une préface d'Eugène Ionesco.

Comme le montrent les tableaux qu'il expose chez son ami Christian Zervos, Byzantios revient une première fois à la figuration en 1965, avant le retour définitif de 1972. À partir de cette date et jusqu'en 1978, il réalise uniquement des dessins. Ses figures humaines apparaissent sur le papier noirci à la mine de plomb ou au fusain. Ses expositions sont alors l'occasion de célébrer ses amitiés intellectuelles et littéraires, plus importantes pour lui que ses liens avec les milieux artistiques. En 1972, Eugène Ionesco et l'historien d'art Jean Laude préfacent sa rétrospective au musée Galliera. En 1974, Michel Foucault introduit son exposition à la galerie Karl Flinker. C'est dans cette même galerie qu'il présente ses natures mortes en 1982, année où il revient à l'huile après dix ans de dessins.

De 1982 à 1990, il peint essentiellement des personnages, des figures aux visages pétrifiés, aux corps longilignes et aux gestes arrêtés dans des espaces sombres, souvent devant des miroirs. Ses personnages énigmatiques font songer à ceux de De Chirico, mais surtout au Greco. Son exposition à la galerie Lavignes Bastille, en 1990, dédiée à ses figures humaines, est préfacée par le philosophe Jean-Paul Aron, dont il a peint le portrait.

En 1994 et en 1997, deux rétrospectives lui sont consacrées à Metz et à Chalon-sur-Saône. Konstantinos Byzantios a toujours souligné l'importance dans son œuvre de ses origines grecques et des références artistiques et culturelles de son pays, comme tant d'autres artistes grecs qui restent fondamentalement attachés à leurs racines helléniques. Il meurt dans l'île espagnole de Majorque dans la nuit du 13 au 14 août 2007.

— Christophe CHICLET

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

Classification

Pour citer cet article

Christophe CHICLET. BYZANTIOS KONSTANTINOS (1924-2007) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi