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MÉLENCHON JEAN-LUC (1951- )

Le dissident

La carrière de Jean-Luc Mélenchon s'accorde enfin à un investissement organisationnel national fort et son engagement partisan reflète assez bien les tensions internes de la vie des organisations de gauche. Il fut en effet d'abord membre du conseil national et du bureau national du Parti socialiste, avant de devenir le cofondateur d'un « courant », celui de la Gauche socialiste, puis le promoteur d'une « sensibilité », appelée Trait d'union. En novembre 2008, il franchit le pas et fonde un nouveau parti : le Parti de gauche. En s'appuyant sur les analyses classiques d'Albert Hirschman (Exit, Voice and Loyalty, 1970), on serait tenté de penser que tout se passe comme si, dans un premier temps, Jean-Luc Mélenchon avait cherché à faire preuve de loyauté en demeurant membre du Parti socialiste tout en faisant entendre une voix discordante, avant de se résigner à opter pour « l'exit », la sortie de cette organisation, afin d'en créer une nouvelle plus ajustée à ses attentes, c'est-à-dire non seulement à son souci de défendre une cause politique résolument ancrée à gauche, mais également à des ambitions politiques personnelles clairement assumées. Aux élections européennes de juin 2009, il est élu député du Front de gauche, une alliance électorale entre le Parti de gauche et le PCF qui leur permet de remporter 6,47 % des voix et d'obtenir quatre sièges. Cette même alliance obtient 6,1 % des voix plus tard, lors du premier tour des élections régionales de mars 2010. Conforté par ces succès, Jean-Luc Mélenchon est le candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle de 2012. À l’issue d’une campagne où son talent de tribun républicain est remarqué, il arrive en quatrième position au premier tour, obtenant 11,1 % des voix. Fort de ce résultat encourageant, il affronte, lors des législatives de juin 2012, Marine Le Pen, présidente du Front national, dans la circonscription d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), mais échoue dès le premier tour. Continuant à promouvoir le Front de gauche, malgré les tiraillements entre le Parti de gauche et le PCF (qui s’opposent notamment sur la question de l’alliance avec le PS aux municipales de 2014), Jean-Luc Mélenchon s’emploie alors à incarner l’opposition de gauche à la politique de François Hollande. Il démissionne de la coprésidence du Parti de gauche en août 2014, mais continue par ses prises de position publiques à entretenir son image médiatique de figure de proue de la gauche de la gauche française. Il annonce en février 2016 sa candidature à l’élection présidentielle de 2017 « hors cadre des partis », créant pour l’occasion un mouvement citoyen, La France insoumise (LFI). Ne pas avoir participé à la primaire de la gauche, en janvier 2017, lui donne une grande liberté dans la conduite de sa campagne. Après une remontée dans les sondages dans les dernières semaines avant le scrutin, il termine à la quatrième place du premier tour de la présidentielle, le 23 avril 2017, avec 19,6 % des voix. Dans la foulée de ce résultat, Jean-Luc Mélenchon est élu en juin 2017 député des Bouches-du-Rhône.

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Écrit par

  • : maître de conférences en science politique à l'université de Paris-X-Nanterre, membre du Groupe d'analyse politique
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Éric PHÉLIPPEAU. MÉLENCHON JEAN-LUC (1951- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

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    Au cours de l’année 2023, les invectives acerbes échangées entre Jean-Luc Mélenchon (qui n’a plus de mandat électif) et Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, ainsi que le ton très polémique du fondateur de LFI vis-à-vis d’autres membres de la NUPES fragilisent l’union électorale...
  • FRANCE - L'année politique 2022

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  • FRANCE - L'année politique 2021

    • Écrit par Nicolas TENZER
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  • FRANCE - L'année politique 2020

    • Écrit par Nicolas TENZER
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    • 4 médias
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Voir aussi