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MAUDUIT JACQUES (1557-1627)

Compositeur, luthiste et humaniste parisien à l'esprit universel. Mauduit étudia les lettres et la philosophie, séjourna en Italie, exerça la charge de garde du dépôt des requêtes du palais, qu'il héritait de son père, devint secrétaire ordinaire de la reine, tout en s'adonnant sérieusement à la musique. En 1581, il remporta un prix de composition au puy musical d'Évreux avec son motetAfferte Domino. Il fut l'ami de Ronsard, pour les obsèques duquel on interpréta son Requiem à cinq voix (dont un fragment seulement est conservé). Il fut surtout l'un des principaux collaborateurs de Baïf, après T. de Courville (mort en 1581), à la seconde académie de poésie et de musique fondée en 1571. Après la mort de Baïf (1589), et sous l'impulsion de Mauduit, cette académie accorda de plus en plus d'importance à la musique. En outre, Mauduit anima les semaines saintes du Petit-Saint-Antoine pour lesquelles il composa plusieurs œuvres ; de même, lors des fêtes de sainte Cécile à Notre-Dame. Il participa aux ballets de cour sous Henri IV et Louis XIII ; c'est lui qui dirigea, en 1614, l'ode célébrant l'entrée à Paris de ce dernier ; on comptait cent quarante chanteurs, luthistes et violistes. En 1617, il composait déjà d'authentiques airs de cour pour le Ballet de la délivrance de Renaud, écrit en collaboration avec Pierre Guédron, Antoine Boesset, Gabriel Bataille ; l'œuvre comportait quatre-vingt-douze choristes et « plus de quarante-cinq instruments ». Mauduit écrivit dans tous les genres (messes, motets, cent quatre hymnes, fantaisies instrumentales, etc.) ; malheureusement la plupart de ces œuvres sont perdues. Parmi celles qui restent, ses Chansonnettes mesurées de J. A. de Baïf à quatre voix (1586) sont incontestablement l'un des plus purs chefs-d'œuvre de la musique vocale française à la fin du xvie siècle. Elles comprennent des dialogues, des chœurs, des récits, des ensembles vocaux et instrumentaux.

C'est Mauduit qui a, semble-t-il, introduit le premier en France les concerts de violes. Dans ses chansons, musique et poésie font étroitement corps ; c'est un art de transparence et de délicatesse. « On ne peut rien rêver de plus uni, de plus fondu et de plus délicatement sensible que des chansons comme : Vous me tuez si doucement ou Voicy le verd et beau may » (R. Bernard). Une des meilleures réussites de Mauduit est aussi consacrée aux voix : il s'agit des cinq Psaumes qu'il composa, bien que catholique, selon le rite protestant, sur une traduction de Baïf. C'est grâce à lui que Claude Le Jeune put échapper aux massacres de la Saint-Barthélemy, et sauver plusieurs de ses compositions.

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. MAUDUIT JACQUES (1557-1627) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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