CARBUCCIA HORACE DE (1891-1975)
Issu d'une famille de bourgeois fortunés, Horace de Carbuccia, futur « patron » de presse, eut une jeunesse dorée. Il poursuivit ses études à l'Université et devint un brillant docteur en droit sous l'élégance duquel perçait déjà une insolence hautaine et agressive. Pendant la Première Guerre mondiale, il se distingue dans l'infanterie, puis dans l'aviation, ce qui lui vaut la médaille militaire. En 1921, le riche héritier apporte à son cousin Marcel Prévost (l'auteur des Demi-Vierges), à Joseph Bédier et à Raymond Recouly une part du capital et les locaux nécessaires pour lancer la Revue de France, publication mensuelle dont il est nommé secrétaire général. L'année suivante, il fonde les Éditions de France et, en 1928, il crée l'hebdomadaire Gringoire, dont il restera le directeur jusqu'en 1944 ; il est aussi l'auteur d'adaptations en français de diverses pièces de Somerset Maugham : Pluie (1927), Le Cercle (1928), La Lettre (1929), Le Cyclone (1931). Marié à la belle-fille du préfet de police Jean Chiappe, protecteur des ligues d'extrême droite, il se fait élire député d'Ajaccio en 1932. À la Chambre, il brille surtout par son absence (en quatre ans, il n'interviendra qu'une fois, au sujet de sa validation !). En 1936, il préfère s'effacer pour laisser son siège à son beau-père.
Sa carrière est ailleurs, à Gringoire. Ce journal, raciste et antisémite, qui est au surplus d'une extrême virulence, va atteindre le plus fort tirage des hebdomadaires littéraires et politiques français de l'époque. En 1932, il mène une lutte acharnée contre la gauche et, en 1936, il se déchaîne au fil de campagnes abjectes contre le Front populaire.
Replié à Marseille puis à Clermont-Ferrand pendant l'Occupation allemande, Gringoire continue, sous la férule de son directeur, à dénoncer les Juifs et les francs-maçons. Il soutient la politique du maréchal Pétain, dont il refuse néanmoins toute subvention, et prend férocement à partie les résistants. En 1941, son tirage atteint le chiffre de 475 000 exemplaires. Mais la chance va tourner. En 1943, Horace de Carbuccia est l'objet de poursuites de la part du gouvernement italien pour la publication de sa brochure : Corse, terre de fidélité.
Après la Libération, condamné par contumace à cinq ans de travaux forcés, il se réfugie en Suisse. Il en reviendra en octobre 1955 pour comparaître devant le tribunal militaire. Défendu par Pierre Benoit et Pierre Taittinger, il est acquitté.
Si sa puissance lui avait valu d'être entouré d'une cour de flatteurs, elle était fondée sur l'argent, la haine et la délation, et Carbuccia était plus redouté qu'apprécié. Dans le premier tome de ses Mémoires, publié en 1973 sous le titre Le Massacre de la victoire, 1919-1934, on retrouve toute la virulence et le racisme qui caractérisaient l'hebdomadaire dont il fut le propriétaire, et auquel son nom restera lié.
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Écrit par
- Paul MORELLE : critique littéraire
Classification
Autres références
-
GRINGOIRE, journal
- Écrit par Pierre ALBERT
- 515 mots
Reprenant la formule du Candide de Fayard, Horace de Carbuccia fonda Gringoire en 1928. Né à Paris en 1891, d'origine corse — il fut même député d'Ajaccio en 1932 —, apparenté au romancier Marcel Prévost et au préfet de police Jean Chiappe, Carbuccia était déjà directeur de la ...