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MULLER HERMANN JOSEPH (1890-1967)

Biologiste et généticien américain né à New York. Élève de E. B. Wilson dont le laboratoire était voisin de celui de T. H. Morgan, Muller entra dans le laboratoire de celui-ci, la fameuse « fly-room » ; ensuite, avec les autres collaborateurs de Morgan, il fut engagé dans le « fly-work », c'est-à-dire les recherches centrées sur l'hérédité chez la drosophile.

Il a été successivement professeur à l'université du Texas (1925-1939), à l'Institut de génétique et de biologie médicale de Moscou (1933-1937), puis à celui d'Édimbourg (1938-1940) et à l'université de l'Indiana (1945). En 1916, il étudie principalement les mécanismes du linkage et du crossing-over (enchaînement et enjambement) et les pourcentages de recombinaison ; il met en évidence une double relation entre le nombre haploïde de chromosomes et le nombre de groupes de gènes liés et entre le nombre de gènes et les dimensions relatives des chromosomes. Le pourcentage de recombinaison des gènes est fonction de leur distance linéaire et réciproquement le taux plus ou moins élevé de crossing-over indique la distance séparant les gènes considérés. En 1918, il analyse les processus des mutations spontanées et normales. En 1927, il prouve expérimentalement que, chez la drosophile, les radiations ionisantes augmentent considérablement la fréquence des mutations et des aberrations chromosomiques : selon son expression, il a réalisé « une transmutation artificielle du gène ». Le taux de mutation est augmenté de quinze cents fois dans la descendance de drosophiles dont les mâles ont été exposés à des doses élevées de rayons X. Il découvre des mutations létales dans le chromosome X et introduit la notion de caractères létaux balancés. L'augmentation expérimentalement réalisée par Muller du taux des mutations suscita une série de travaux pour chercher les divers facteurs qui étaient capables de produire des mutations identiques aux mutations spontanées.

Ses prises de position très controversées en faveur de l’eugénisme le poussent à quitter les États-Unis en 1931 pour rejoindre l’URSS et y diriger l’institut de génétique végétale de Leningrad, où il retrouve le généticien Vavilov. Devant la montée en puissance de la persécution contre les généticiens et l’amplification des procès politiques en Union soviétique, il quitte l'URSS en 1937. Membre étranger de l'Académie des sciences d'URSS, il en démissionne à la suite de l'affaire Lyssenko (Lyssenko récuse la génétique et lui substitue une sorte de génétique adaptative continue) et de la situation imposée aux généticiens soviétiques et notamment à Vavilov.

Après la guerre, il milite contre l’usage militaire de la radioactivité et avertit fortement des risques de cancers liés à l’exposition aux rayonnements, contestant les conclusions de la commission de suivi des essais nucléaires.

Muller, prix Nobel de physiologie et de médecine (1946), a publié de nombreux mémoires originaux dans des périodiques spécialisés. Il a participé avec T. H. Morgan, A. H. Strurtevant, C. B. Bridges à la rédaction de The Mecanism of MendelianHeredity (1915) ; plus tard (1947), avec C. Little et L. H. Snyder, il publia Genetics, Medecine and Man.

— Andrée TÉTRY

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Écrit par

  • : membre de l'Académie nationale de Metz, directrice honoraire à l'École pratique des hautes études, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Andrée TÉTRY. MULLER HERMANN JOSEPH (1890-1967) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • EUGÉNISME

    • Écrit par Universalis, André PICHOT, Jacques TESTART
    • 4 958 mots
    • 1 média
    ...d'ailleurs telle que de grands généticiens de la première moitié du xxe siècle ne se résignèrent jamais à l'abandonner. Ainsi, dans les années 1960, Hermann Joseph Muller (Prix Nobel 1946) lança aux États-Unis le projet d'une Fondation pour le choix germinal (en clair : une banque de sperme des Prix...
  • ÉDITION DES GÉNOMES

    • Écrit par Gilles SAUCLIÈRES
    • 4 301 mots
    • 3 médias
    Hermann Joseph Muller, en 1926, induit des mutations chez la drosophile par irradiation aux rayons X. Quelque vingt ans plus tard, on découvre que le support matériel de l’hérédité est une molécule d’ADN et que les gènes sont donc des fragments de celle-ci (1944). On cherche à intervenir alors directement...

Voir aussi