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DELPORTE HENRI (1920-2002)

Préhistorien français né à Tourcoing en 1920 et mort à Lesigneux (Loire) en 2002. Instituteur à dix-neuf ans, Henri Delporte devient professeur d'histoire et géographie à Arras, puis à Montbrison. Devoir expliquer marquera toutes ses activités. Sur ses différents chantiers de fouilles, il recrute couramment trente ou quarante participants. Il les forme patiemment, sévèrement parfois.

Lorsqu'il devient directeur du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye en 1966, il modifie profondément les rapports entre le musée et la recherche. Sa volonté est de mettre les collections en état d'être étudiées, d'abord par leur réorganisation afin de les rendre accessibles aux étudiants, puis par la création d'unités du C.N.R.S. sur des programmes définis, portant notamment sur l'art paléolithique. Grâce à lui, cette période a fait l'objet d'un élan dans la recherche préhistorique, élan poursuivi dans le cadre de ses fonctions au Comité des travaux historiques et scientifiques.

L'attrait d'Henri Delporte pour les gisements difficiles est une caractéristique de son action sur le terrain. Parmi les principaux gisements dans l'étude desquels il a investi des années de recherche opiniâtre, il faut citer la grotte des Fées à Châtelperron (Allier), fouillée de 1951 à 1954, site éponyme du Châtelperronien, un moment clé de la transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur. Il eut, en 1959, la chance de découvrir à Tursac (Dordogne) une nouvelle Vénus. En osant reprendre, de 1968 à 1975, les fouilles du Grand Abri de La Ferrassie, Henri Delporte a cherché à démontrer l'extrême diversité des cultures qui affluent dans le sud-ouest de la France au début du Paléolithique supérieur.

Le gisement célèbre de Brassempouy (Landes) avait livré à Édouard Piette, vers 1894, de superbes objets sculptés sur ivoire dont la Dame à la capuche, objets qu'Henri Delporte conservait dans les salles de son musée. Sa familiarité avec les travaux d'Édouard Piette l'incita à reprendre les fouilles de Brassempouy et à les poursuivre jusqu'à la fin de sa carrière.

La collection Piette lui permit de se confronter à l'objet d'art mobilier. Il élabore alors une méthode d'étude de l'objet qui favorise sa compréhension technique (matériau, façonnage, usage...) et une recherche de ses constantes thématiques et formelles. Ce sont les premiers travaux qui donnent à l'objet une importance documentaire qui ne cessera d'augmenter pour devenir, avec les études actuelles, le meilleur moyen d'accès aux composantes culturelles des sociétés.

Henri Delporte mit en œuvre une autre pratique, encore peu utilisée à son époque, celle de l'étude des ensembles de caractères, des classements hiérarchisés. Il introduisit ces différentes méthodes pour comprendre la diversité des industries lithiques et leur degré de parenté, particulièrement à La Ferrassie.

Dans les années 1980, il fit un bilan de ses connaissances et de ses expériences, qui l'amena à conclure, avec un certain pessimisme, que son ambition de comprendre les peuples préhistoriques, d'écrire leur histoire s'était heurtée au manque de documents.

— Yvette TABORIN

Bibliographie

H. Delporte, L'Image de la femme dans l'art préhistorique, Picard, Paris, 1979 ; Archéologie et réalité. Essai d'approche épistémologique, ibid., 1984 ; L'Image des animaux dans l'art préhistorique, ibid., 1990.

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Yvette TABORIN. DELPORTE HENRI (1920-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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