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SACRÉES GUERRES

Nom donné aux guerres entreprises par le Conseil amphictyonique, qui administrait le sanctuaire d'Apollon à Delphes, contre tous ceux qui étaient considérés comme sacrilèges envers le dieu. La première guerre sacrée fut dirigée contre les habitants de Cirrha et de Crissa, accusés de lever des taxes sur les pèlerins qui se rendaient à Delphes. Cirrha fut anéantie en ~ 590 par les forces thessaliennes auxquelles s'étaient joints des contingents d'Athènes et de Sicyone. La seconde guerre sacrée eut pour origine la prise de Delphes par les Phocidiens. Elle fut en réalité l'occasion d'un affrontement entre Spartiates et Athéniens, les premiers soutenant l'Amphictyonie, les seconds les habitants de Phocis. Finalement, l'indépendance du sanctuaire fut affirmée par la paix de Nicias. Mais la plus importante des guerres sacrées fut incontestablement la troisième, qui entraîna l'intervention directe de Philippe de Macédoine dans les affaires grecques. Les Thébains, qui alors contrôlent l'Amphictyonie, accusent les Phocidiens de cultiver la plaine crisséenne qui appartient au dieu. Les Phocidiens ripostent en s'emparant de Delphes, ce qui déclenche la guerre à l'automne de ~ 355. Le chef phocidien Philomèlos réussit alors à rassembler une puissante armée de mercenaires avec laquelle il tient en respect les armées thessaliennes et béotiennes. Philomèlos ayant trouvé la mort en ~ 354, son successeur Onomarchos remporte d'abord une série de victoires qui lui permettent de pénétrer en Béotie, en Locride, et de vaincre deux fois Philippe en Thessalie. Mais, malgré l'aide apportée par les Athéniens, il est finalement battu par le souverain macédonien, qui vient alors menacer les Thermopyles. La réaction des Grecs est immédiate et Philippe est contraint de reculer. Cependant, le successeur d'Onomarchos, Phaillos, étant mort, la guerre est menée, du côté phocidien, par Phalaicos avec une particulière violence. Quand la paix est conclue en ~ 346 entre Philippe et Athènes, Phalaicos, abandonné à lui-même, ne peut résister et les Phocidiens doivent se soumettre, verser une forte amende, accepter des garnisons macédoniennes, cependant que leurs deux voix au Conseil amphictyonique sont données à Philippe. Une quatrième guerre, dirigée en principe contre les Locriens d'Amphissa en ~ 339 et dont le commandement fut confié à Philippe, allait en fait fournir au roi de Macédoine le prétexte à l'intervention qui devait le rendre définitivement maître des affaires grecques.

— Claude MOSSÉ

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Pour citer cet article

Claude MOSSÉ. SACRÉES GUERRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DELPHES

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN, Giulia SISSA
    • 9 618 mots
    • 9 médias
    La première guerre sacrée (590 av. J.-C.) libère Delphes de la tutelle de Crissa et confie l'administration du sanctuaire à une association de douze « peuples » (amphictionie), qui gère également le sanctuaire de Dèmèter aux Thermopyles. Au même moment, les concours gymniques et musicaux...
  • MACÉDOINE ANTIQUE

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN, Claude MOSSÉ
    • 10 554 mots
    • 6 médias
    En Grèce propre, fort de l'alliance thébaine, Philippe rouvre la guerre sacrée en 339, se fait confier le commandement de l'armée amphictyonique. C'est le temps des grands discours de Démosthène. L'homme politique athénien, conscient de la menace qui pèse sur la Grèce, entreprend une campagne diplomatique...
  • PHILIPPE II (env. 382-336 av. J.-C.) roi de Macédoine (359-336 av. J.-C.)

    • Écrit par Paul GOUKOWSKY
    • 2 217 mots
    • 1 média
    Si la destruction d'Olynthe scandalisa beaucoup de Grecs, d'autres virent en Philippe un souverain puissant et efficace. Ce fut le cas des Thébains qui, toujours aux prises avec les Phocidiens (dans l'interminable troisième guerre sacrée), firent appel au Macédonien (347 av. J.-C.). Celui-ci, retenu en...
  • THERMOPYLES

    • Écrit par Claude MOSSÉ
    • 178 mots

    Défilé étroit situé en Phtiotide, entre la côte sud du golfe de Lamia et la chaîne du Callidrome, les Thermopyles sont considérées comme la porte de la Grèce centrale. Lors de l'invasion de Xerxès, les Grecs coalisés décidèrent, pour résister aux Perses, de placer dans ce passage une armée commandée...

Voir aussi