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RIVIÈRE GEORGES-HENRI (1897-1985)

Georges-Henri Rivière a incarné en France et à l'étranger la maturité de la muséologie contemporaine.

Né à Paris le 5 juin 1897, il obtient, en 1915, un baccalauréat de philosophie, puis étudie l'orgue et l'harmonie au Conservatoire national de musique et de déclamation. Son oncle, Henri Rivière, peintre connu, lui fait découvrir le monde artistique. À vingt-deux ans, Georges-Henri est organiste en l'église Saint-Louis-en-l'Île, à Paris. Mais la musique sacrée le retient moins que le jazz que découvre l'Europe. En 1924, il participe à la création de la fameuse Revue nègre, produite par Joséphine Baker. Il compose pour elle, travaille aux Folies-Bergères, au Casino de Paris, se lie d'amitié avec Duke Ellington et Sidney Bechet. Familier de ce qu'il appelle la « haute société culturelle et mondaine », ami des surréalistes, il est proche de Georges Salle. Sur les conseils de ce dernier, il entre à l'école du Louvre, puis collabore aux Cahiers d'art de Christian Zervos, qui lui suggère de visiter une exposition d'art précolombien au musée d'Ethnographie du Trocadéro. Son avenir est alors tracé : désormais, il abandonne la musique. En 1928, Georges-Henri Rivière est nommé sous-directeur du musée d'Ethnographie du Trocadéro, auprès de Paul Rivet. Avec celui-ci, il réorganise le musée, créant les départements scientifiques et stimulant ces actions éclatantes que furent les grandes missions, notamment la mission Dakar-Djibouti, et les soixante-dix expositions qui marquèrent la vie de cet ancien « magasin de bric-à-brac » devenu un grand établissement d'enseignement populaire et de recherche scientifique. Les expositions consacrées au Sahara, à l'île de Pâques, à la mission Dakar-Djibouti furent des succès. Ces premières réalisations renforcent sa volonté de parvenir à une véritable reconnaissance des traditions populaires. Il allait alors être l'initiateur puis le conservateur en chef du Musée national des arts et traditions populaires, accomplissant, comme le souligna Claude Lévi-Strauss, « une œuvre d'autant plus admirable qu'il s'agissait non seulement de faire un musée à partir de rien, mais de faire un musée avec ce qu'on pouvait croire n'être rien ». Dès l'origine, il conçoit ce nouvel établissement comme un musée-laboratoire. Il lancera aussi, dès 1938, les fameuses enquêtes sur l'architecture régionale, le mobilier et les techniques artisanales, créera la Société d'ethnologie française et la revue Arts et Traditions populaires. De 1947 à 1967, il organise une vingtaine d'expositions dans le local provisoire du palais de Chaillot préfigurant les galeries du futur musée pour lequel il obtient 15 000 mètres carrés au bois de Boulogne. Le Musée national des arts et traditions populaires, installé dans ses nouveaux locaux, est finalement inauguré en 1968, un an après que Rivière eut pris sa retraite. La conception architecturale avait été confiée à Jean Dubuisson, Claude Lévi-Strauss étant chargé de la galerie culturelle. Le public découvrait une muséologie novatrice, soucieuse de présenter l'objet ethnographique dans son contexte initial d'usage, abandonnant les anciennes habitudes esthétiques. Lorsque l'ancien organiste quitte ce musée, il le laisse riche de près d'un million d'objets et de documents inventoriés et classés. Intégré au musée, le Centre d'ethnologie française, résultat d'une collaboration organique entre le C.N.R.S. et la Direction des musées de France, couronne la vocation scientifique de l'établissement amorcée de manière magistrale lors de l'« énorme aventure de l'Aubrac », importante recherche coopérative sur programme conçue et animée avec André Leroi-Gourhan.

De 1948 à 1965, il est le premier directeur[...]

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Écrit par

  • : ingénieur de recherche, mission du Patrimoine ethnologique, ministère de la Culture, D.R.A.C. Rhône-Alpes

Classification

Pour citer cet article

Jacques VALLERANT. RIVIÈRE GEORGES-HENRI (1897-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HOMME MUSÉE DE L', Paris

    • Écrit par Arnaud HUREL
    • 1 895 mots
    • 2 médias
    Dès sa prise de fonctions, Paul Rivet s’entoure de personnalités nouvelles, dont Georges-Henri Rivière, se met en quête de financements, organise le M.E.T. en départements par zones géographiques, rénove la muséographie et lance un chantier de mise en ordre des collections. Il fait du musée un point...
  • LES ANNÉES FOLLES DE L'ETHNOGRAPHIE. TROCADÉRO 28-37 (ouvrage collectif) - Fiche de lecture

    • Écrit par Frédéric KECK
    • 1 192 mots
    ...naturelle, devient directeur du palais de la colline de Chaillot, et rattache institutionnellement les deux institutions. Il choisit comme vice-directeur Georges-Henri Rivière, ancien élève de l’École du Louvre et connaisseur des avant-gardes artistiques, le surréalisme notamment. Ce tandem qui réunit un...
  • MUSÉOLOGIE

    • Écrit par Germain BAZIN, André DESVALLÉES, Raymonde MOULIN
    • 13 820 mots
    • 5 médias
    ...Hugues de Varine, directeur de l'I.C.O.M. de 1962 à 1974, soucieux de formules qui donneraient – ou rendraient – au musée une fonction plus sociale, et Georges-Henri Rivière, qui avait aussi présidé aux destinées de l'I.C.O.M. dont il fut le premier directeur, à partir de 1946. Après sa retraite...

Voir aussi