GAZ DE SCHISTE

Gaz de schiste dans le monde et en France

Dans le monde, les ressources en gaz de schiste seraient du même ordre de grandeur que celles de gaz conventionnel. Toutefois, elles seraient mieux réparties géographiquement, puisque les roches renfermant ce gaz sont présentes dans la plupart des bassins sédimentaires. Les réserves sont difficiles à chiffrer car les explorations ne font que commencer. Fondées sur des extrapolations géologiques, elles seraient de l'ordre de cinq cent mille milliards de mètres cubes, dont cent quinze mille milliards en Amérique du Nord et quinze mille milliards en Europe de l'Ouest.

Aux États-Unis, la production est bien engagée et augmente sans cesse. En 2010, elle représentait 14 p. 100 de la production gazière totale de ce pays, contre 1 p. 100 en 2000.

L'essor de cette production résulte d'une combinaison de facteurs : prix de l'énergie rendant cette extraction compétitive, gisements accessibles, savoir-faire d'une industrie pétrolière et gazière importante dans ce pays, législation environnementale non contraignante, régime de propriété du sous-sol… Tous les inconvénients signalés dans l'article ont été effectivement rencontrés : mitage du paysage, pollution superficielle et contamination des aquifères profonds, arrivées de gaz dans les nappes phréatiques…

En France, deux niveaux géologiques sont potentiellement prometteurs : le Jurassique inférieur de l'est et du sud du pays (en particulier, le Toarcien) et le Carbonifère moyen et supérieur, que l'on trouve à la base des bassins houillers à l'affleurement ou cachés. En effet, ces niveaux de marnes et argiles gréseuses sont riches en matière organique. Ils présentent donc de fortes potentialités.

Des permis d'exploration (et non d'exploitation) ont été accordés (ou renouvelés) en France en mars 2010. Concernant surtout le sud-est du territoire et exclusivement les couches du Jurassique inférieur, ils ont pour but d'acquérir une meilleure connaissance géologique du sous-sol et d'évaluer l'existence d'un gisement et son potentiel. Devant la forte mobilisation des populations concernées, le gouvernement a dû suspendre provisoirement ces permis d'exploration le 4 février 2011 et demander une mission d'inspection sur les gaz et huiles de schiste. Le Parlement s'est saisi du problème et a adopté, le 30 juin 2011, une loi interdisant non pas l'exploration et l'exploitation des gaz et pétrole de schiste, mais seulement l'usage de la fracturation hydraulique. Les opposants jugent cette loi ambiguë et électoraliste. Le gouvernement a demandé, le 3 octobre 2011, l'abrogation de trois permis concernant l'exploration de gisements de gaz de schiste. Le débat est loin d'être clos.