Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

EXTENSION & COMPRÉHENSION, logique

Distinction introduite par la Logique de Port-Royal et portant sur les idées universelles : « J'appelle compréhension de l'idée les attributs qu'elle enferme en soi, et qu'on ne peut lui ôter sans la détruire, comme la compréhension de l'idée du triangle enferme extension, figure, trois lignes, trois angles, et l'égalité de ces trois angles à deux droits, etc. [...]. J'appelle étendue (ou extension) de l'idée les sujets à qui cette idée convient, ce qu'on appelle aussi les inférieurs d'un terme général, qui à leur égard est appelé supérieur, comme l'idée du triangle en général s'étend à toutes les diverses espèces de triangles... » Nous dirions aujourd'hui qu'à l'expression de l'idée est associé sémantiquement un double contenu : d'une part, l'ensemble des prédicats dont la conjonction définit l'« idée » entendue elle-même comme prédicat (être mammifère = être animé, être vertébré, être à sang chaud, être vivipare) ; d'autre part, l'ensemble des individus ou des objets auxquels on peut faire référence dans la langue par le moyen de l'expression linguistique de l'« idée ».

Cette distinction paraît prendre la suite de la distinction médiévale de la significatio et de la suppositio introduite dans la théorie des propriétés des termes (xiie s.), laquelle est née de discussions sur la structure de la proposition catégorique. La significatio est la présentation d'une forme, d'une essence, à l'intellect ; la suppositio est la subordination d'une pensée à une autre, telle que suppositum se dit d'un individu qui a la forme signifiée par le terme. On notera qu'il ne s'agit pas ici d'idées, comme précédemment, mais de termes, et que la théorie a pour fin de rendre compte des différents rôles des mots qui apparaissent comme termes dans les propositions.

La distinction entre extension et compréhension semble relayée par celle qui fut introduite par Stuart Mill entre connotation et dénotation. Il s'agit selon lui de propriétés linguistiques des mots : « Le mot blanc dénote toutes les choses blanches, telles que neige, papier, écume des vagues, etc. ; et il implique ou, comme disaient les scolastiques, il connote l'attribut blancheur. » C'est tout le problème logique et sémantique du sens et de la référence qui se trouve posé par ce couple de notions dont l'apparente évidence cache de réelles difficultés (cf. C. Imbert, Introduction aux Écrits logiques et philosophiques de G. Frege, Paris, 1970).

— Françoise ARMENGAUD

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégée de l'Université, docteur en philosophie, maître de conférences à l'université de Rennes

Classification

Pour citer cet article

Françoise ARMENGAUD. EXTENSION & COMPRÉHENSION, logique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONCEPT

    • Écrit par Jean LADRIÈRE
    • 3 826 mots
    ...scientifique d'aller au-delà de l'information contenue dans les données empiriques disponibles. Mais leur statut sémantique pose des questions difficiles. On peut analyser le « sens » d'un concept en deux composantes : la dénotation ou extension (ensemble des individus qui vérifient le concept), et l'intension...
  • FREGE GOTTLOB (1848-1925)

    • Écrit par Claude IMBERT
    • 3 259 mots
    ...succession immédiate en des termes analogues à la chaîne de Dedekind, mais avec un appareil purement logique. Les règles de la quantification ayant une extension naturelle aux prédicats binaires, Frege avait su donner une place aux relations dans la logique générale et semblait avoir vaincu, dès 1879,...
  • GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) - Du Moyen Âge à la période contemporaine

    • Écrit par Jean-Claude CHEVALIER, Universalis, Jean STÉFANINI
    • 4 799 mots
    ...parfois, négativement, par une certaine incohérence. Toute son activité consiste à exprimer des idées et des jugements. Le rapport inverse entre extension et compréhension du concept (l'une augmente quand l'autre diminue) sert à distinguer qui explicatif ou restrictif (les hommes, qui sont mortels.../les...
  • LOGIQUE

    • Écrit par Robert BLANCHÉ, Jan SEBESTIK
    • 12 972 mots
    • 3 médias
    On a beaucoup discuté pour savoir si la logique d'Aristote était construite en extension ou en compréhension. En fait, l'interprétation compréhensiviste, qui s'accorde mieux à l'ensemble de sa philosophie, commande l'analyse de la proposition, tandis que dans la syllogistique domine l'interprétation...

Voir aussi