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ANZIEU DIDIER (1923-1999)

Didier Anzieu est né le 8 juillet 1923 à Melun en Seine-et-Marne, où ses parents étaient employés des Postes et Télécommunications ; tous deux d'origine méridionale parlaient occitan lorsqu'ils ne voulaient pas être compris de leur fils unique. Sa mère Marguerite, née à la suite du décès d'une jeune sœur, Marguerite, brûlée vive, sera une « morte vivante, remplaçant une morte ». Douée pour l'écriture, elle lit et écrit beaucoup à la suite d'une tentative d'assassinat commis sur l'actrice Huguette Duflos. Elle est longtemps internée à l'hôpital Sainte-Anne où elle est soignée par Jacques Lacan. Elle devient le fameux « cas Aimée » exposé par celui-ci dans sa thèse sur la psychose paranoïaque. Le hasard voulut que Lacan fût ensuite l'analyste de Didier Anzieu.

Didier Anzieu fait ses études au lycée Jacques Amyot de Melun ; doué pour la philosophie, il entre en khâgne au lycée Henri IV à Paris. Il a pour guide personnel un professeur de français à la retraite, Zacharie Tourneur, premier éditeur à publier en 1942 les Pensées en suivant le manuscrit de Pascal (contre l'émiettement thématique de l'édition Brunschwicg). De Tourneur, il retient « la clarté de la pensée, la sobriété de l'écriture ». Il se considère comme le fils spirituel de Pascal et de Tourneur, et réédite avec celui-ci les Pensées (édition Tourneur-Anzieu 1960, chez Armand Colin). Il écrit son mémoire de philosophie sur la pensée politique de Pascal. Il fait partie de la promotion 1944 de l'École normale supérieure avec Laplanche et Pontalis, où il a pour répétiteurs Jean-Toussaint Desanti et Maurice Merleau-Ponty. Il passe l'agrégation de philosophie en 1948 et s'oriente vers la psychologie et la psychopathologie dès ce moment-là. Il renonce à une thèse de philosophie sur Pascal, et Daniel Lagache, dont il devient assistant à la Sorbonne en 1951, dirige sa thèse sur l'auto-analyse de Freud, soutenue en 1957 et publiée en 1959. Il entreprend une première analyse avec Lacan, qui dure quatre ans, puis une seconde, « plus bénéfique » pour lui, avec Georges Favez. Professeur de psychologie à Strasbourg (1955-1964), puis à Nanterre (1964-1983), il participe, en 1963, à la mise en place de l'Association psychanalytique de France (A.P.F.) qui se sépare de Lacan, après l'expérience mouvementée de la Société française de psychanalyse (S.F.P., 1953-1964). Parallèlement à son travail psychanalytique, Didier Anzieu participe à l'élaboration du statut de psychologue, dont il rédige le Code de déontologie, dirige une collection chez Dunod, et travaille sur la dynamique de groupes. Sa thèse, analyse de la constitution de la théorie psychanalytique à partir de l'auto-analyse, met en œuvre ce qu'il a trouvé chez Pascal dans l'angoisse du vide. Il discerne « dans la découverte des objets de la psychanalyse et du corps de l'inconscient, une organisation hystérophobique analogue ». Les travaux de Didier Anzieu portent abondamment sur la littérature, sur Pascal et sur Becket, sur la création littéraire, sur la création artistique (Bacon), sur le groupe. Son œuvre psychanalytique reste profondément marquée par la folie de sa mère : « Soigner ma mère en moi et chez les autres, soigner en eux cette mère menaçante et menacée [...] ». Ce qui devait l'orienter vers des réflexions novatrices dans son approche psychanalytique. Le « moi-peau », la fonction contenante de la peau, du moi et de la pensée, le transfert paradoxal dans les cas limites, le travail de pensée, l'interdit du toucher : autant d'investigations qui ont renouvelé la pratique analytique et approfondi des dimensions du psychisme laissées dans l'ombre des théories psychanalytiques françaises. Son épouse, la psychanalyste Annie Anzieu, a très tôt pris une part importante, quoique discrète,[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre d'Espace analytique, secrétaire général de l'Association internationale d'histoire de la psychanalyse

Classification

Pour citer cet article

Jacques SÉDAT. ANZIEU DIDIER (1923-1999) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GROUPE DYNAMIQUE DE

    • Écrit par Didier ANZIEU
    • 3 624 mots
    En France, dans le prolongement de ces travaux, D. Anzieu lit, dans les métaphores courantes concernant le groupe (représenté comme un corps dont les individus sont les membres), une défense contre l'angoisse de morcellement. Il a proposé l'analogie du groupe et du rêve : la situation de groupe stimule...
  • PROJECTIVES MÉTHODES

    • Écrit par Jacques PERSE
    • 2 415 mots
    • 1 média
    Il serait néanmoins injuste et erroné de s'en tenir à un verdict aussi sévère et aussi peu nuancé. D. Anzieu a justement souligné que l'importance de ces techniques réside ailleurs qu'en un souci de rigueur dans l'administration de la preuve et qu'elles ont suscité une nouvelle façon de pratiquer...
  • TATOUAGE

    • Écrit par Catherine GROGNARD, Dominique PAQUET
    • 6 798 mots
    L'analogie structurelle entre la peau et le psychisme a été explorée par le psychanalyste Didier Anzieu. Selon ce schéma, le Moi est formé de la projection mentale de la surface du corps. Cela signifie notamment que le signe tatoué ne pénètre pas seulement la peau, mais affecte aussi le psychisme,...

Voir aussi