DESSIN CONTEMPORAIN
De nouveaux supports pour le dessin
Le dessin contemporain n'est plus l'affaire exclusive d'un support, comme cela fut le cas par le passé, du parchemin fait à la main à la feuille de papier industrialisée. Celle-ci reste toutefois le matériau de prédilection des artistes avec son lot de qualités spécifiques au regard du grammage, du grain et de la fibre. L'œuvre graphique de Cy Twombly qui multiplie assemblage et collage est ainsi riche de toutes sortes de griffonnages et de griffures qui déterminent le dessin en fonction d'une gestualité tout à la fois sensible et conceptuelle. Les aquarelles de Marlène Dumas et de Barthélémy Toguo jouent quant à elles des effets de diffusion de la matière dans le papier. Dans une façon plus classique mais que subvertissent tant les formats que la densité graphique de ses œuvres, Robert Longo, depuis les années 1980, oppose les noirs profonds du fusain aux blancs lumineux du papier dans un ensemble de séries, dont The Freud Drawings (2000). Les artistes ont par ailleurs introduit dans le champ des arts plastiques toutes sortes de matériaux divers et variés dont le dessin a bénéficié, qu'il s'agisse de supports naturels, minéraux ou organiques. S'aidant d'une loupe qu'il présente aux rayons du soleil, l'anglais Roger Ackling grave ainsi sur de petits bouts de bois de récupération différents jeux de lignes qui leur confèrent le statut d'objets rituels. Suite à une visite qu'il a faite d'une ancienne mine en Grande-Bretagne, l'Italien Giuseppe Penone a réalisé sur d'imposantes plaques d'ardoise un ensemble de dessins (Mine, 1989-1990) dont la forme trapézoïdale renvoie aux diverticules dans lesquels il a rampé. À partir des années 2000, le belge Wim Delvoye tatoue sur des cochons vivants l'effigie de personnages de Walt Disney ou de la Vierge Marie pour prélever par la suite leur peau et l'exposer après leur mort. Avec Generic Man (1989), Jana Sterbak photographie la nuque de son modèle sur laquelle elle a imprimé un code barre. Ces paramètres inédits et ces propositions singulières contribuent à enrichir la nature fondamentalement scripturale du dessin, invitant le regard à faire l'expérience d'approches totalement innovantes.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Philippe PIGUET : historien, enseignant, critique d'art
Classification
Média