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CRISES FINANCIÈRES Instabilité financière

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Quelles politiques face à l'instabilité financière ?

Avec la montée de l'instabilité financière internationale, le contrôle des systèmes bancaires et financiers est devenu une préoccupation majeure des pouvoirs publics. Un large débat s'est instauré sur les moyens de renforcer ce contrôle dans le cadre de la réforme de l'« architecture du système monétaire international ». Deux séries de problèmes doivent être résolus : comment prévenir de nouvelles crises ? et comment gérer les crises une fois qu'elles se sont déclenchées ?

La prévention des crises financières

Les principales mesures proposées pour assurer la prévention des crises sont les suivantes :

– Améliorer la qualité de l'information : les crises des pays émergents dans les années 1990 et de la Grèce en 2009 ont montré que la communauté financière internationale était mal informée de la situation exacte de ces pays. C'est la découverte de l'état critique des banques et des finances extérieures de ces pays qui a conduit à la perte de confiance des investisseurs étrangers. Pour accroître la transparence de l'information, le Fonds monétaire international (F.M.I.) a proposé la mise en place d'indicateurs avancés de vulnérabilité des banques et des systèmes financiers donnant, par exemple, des informations sur la qualité des actifs et les résultats bancaires.

– Renforcer la protection des usagers des acteurs financiers. La généralisation des mécanismes d'assurance de dépôts, garantissant aux déposants le remboursement de leurs avoirs bancaires, est un moyen de prévenir les paniques bancaires ; la mise en place dans l’Union européenne d’un système unifié de garantie des dépôts répond à cette nécessité.

– Mise en place de règles « prudentielles » normalisées, destinées à obliger les établissements bancaires à se protéger contre les risques : la mesure la plus connue est l e« » ratio de solvabilité international, défini par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, qui a amené les banques internationales à disposer, à partir de 1992, d'un montant de fonds propres au moins égal à 8 p. 100 de leurs risques, mesurés comme une moyenne pondérée (selon les risques) de leurs créances. Ce ratio de solvabilité s’est ensuite accompagné d’un ratio de liquidité.

Ces mesures sont jugées insuffisantes par ceux qui défendent la conception keynésienne d'une instabilité fondamentale de la finance. En particulier, si les banques font l'objet d'une surveillance étroite, les conglomérats financiers à cheval sur plusieurs continents et sur plusieurs métiers (banque, finance, assurance) sont mal contrôlés, car les autorités de tutelle sont le plus souvent organisées par métier et sur une base nationale. De même, le principe d'une libéralisation totale des mouvements de capitaux est inadapté à la situation des pays émergents et en développement. La mise en place de systèmes de supervision des acteurs financiers et de contrôle des capitaux (taxation et contrôle des changes), tels qu'ils ont été pratiqués avec succès dans les années 1990 par certains pays émergents (Chili, Malaisie), peut s'avérer nécessaire pour protéger ces pays contre les effets déstabilisants de la finance internationale.

La gestion des crises financières

La gestion des crises financières pose principalement la question du « prêteur en dernier ressort » (P.D.R.), dont le rôle est de fournir en urgence de la liquidité aux établissements bancaires et financiers en difficulté afin de réduire le « risque systémique ». L'orthodoxie veut que ce rôle soit limité le plus possible pour deux séries de raisons : d'une part, la banque centrale, à qui revient la fonction de P.D.R., peut être confrontée à un conflit entre son objectif de stabilité du système financier nécessitant l'injection de liquidités,[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord

Classification

Pour citer cet article

Dominique PLIHON. CRISES FINANCIÈRES - Instabilité financière [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 09/12/2013

Autres références

  • AGENCES DE NOTATION

    • Écrit par
    • 3 415 mots
    La crise financière de 2007-2008, dite crise des subprimes (par référence aux emprunts immobiliers hypothécaires à risque aux États-Unis), puis la crise de la dette souveraine qui la suit immédiatement en 2009-2010 ont conduit à la mise en cause des agences de notation des deux côtés de l'Atlantique....
  • AGLIETTA MICHEL (1938- )

    • Écrit par
    • 1 088 mots
    • 1 média

    Penseur du capitalisme et de la monnaie, le Français Michel Aglietta est un chercheur, un pédagogue et un expert reconnu des économistes, des historiens et des anthropologues, mais aussi des politiciens et des syndicalistes de toute tendance.

    Né dans une famille modeste d’immigrés italiens en 1938...

  • ALGÉRIE

    • Écrit par , , , et
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...hydrocarbures et de la fluctuation de leurs prix. La chute des revenus tirés de l'exportation des hydrocarbures durant les années 1980 a plongé le pays dans une crise financière qui l'a amené à négocier sa dette extérieure – passée de 19 à 25 milliards de dollars entre 1979 et 1994 – en échange de la mise en place...
  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

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    ...économique des années 1850-1870. Deux crises se dessinent pourtant au cours de cette période, en 1857 et en 1866. À la différence des précédentes, ce sont des crises « modernes » qui tirent leur origine, non plus de mauvaises récoltes alimentaires, mais d'effondrements boursiers dus à une fièvre de spéculation....
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