MESPLÈDE CLAUDE (1939-2018)

Né le 11 janvier 1939 à Saint-Laurent-de-la-Prée (Charente-Maritime), Claude Mesplède suit des études secondaires au lycée Marcelin-Berthelot de Toulouse, avant de passer un CAP d’électricien en aéronautique (1957) et de travailler chez Air France, où il occupera des fonctions syndicales locales puis nationales à la CGT. Très tôt, il découvre les romanciers populaires et le roman noir américain, en particulier Dashiell Hammett : La Moisson rouge sera pour lui une véritable révélation. En 1981, il entame une carrière de critique littéraire et, dès 1982, publie avec Jean-Jacques Schleret SN. Voyage au bout de la Noire, un monumental ouvrage sur la collection fondatrice « Série noire » créée par Marcel Duhamel aux éditions Gallimard en 1945. C’est le début d’un travail d’arpentage radical qui prend d’abord la forme d’une anthologie en collaboration avec Michel Lebrun (La Crème du crime. Anthologie de la nouvelle noire et policière française, 1995) et va surtout conduire Claude Mesplède à inventorier tous les genres relevant du roman policier – thriller, roman-feuilleton, detective fiction, roman d’espionnage… –, à en décrire les croisements, les métamorphoses, la typologie et la géographie. Cette passion encyclopédique – qui s’exprima également à partir de 1995 dans de nombreux articles écrits pour l’EncyclopædiaUniversalis – le conduit naturellement aux 2 000 pages du Dictionnaire des littératures policières qu’il publie en 2003, entouré de cent vingt collaborateurs, et qui constituera son grand œuvre. L’ouvrage propose de manière exhaustive des notices sur les auteurs relevant de près ou de loin du « polar », mais aussi sur les genres et les thèmes qui lui sont associés, les critiques et historiens qui l’ont abordé, les maisons d’édition et les revues, etc. Quelque 3 000 entrées viennent ainsi proposer une description aussi complète que possible de la « planète polar ». Comme l’écrit Daniel Pennac dans sa préface à la seconde édition (2007) de ce dictionnaire, c’est tout un continent qui est « exploré dans ses moindres recoins par un homme qui, suscitant des amitiés partout où il se trouve, a des informateurs aux quatre coins de la planète ».

De fait, la connaissance intime que Claude Mesplède avait du « polar » l’a conduit, à travers contacts amicaux, festivals et conférences, à fréquenter nombre d’écrivains (James Ellroy, par exemple) qui, en donnant son nom à des personnages de leurs livres, le firent entrer à son tour dans l’univers de la fiction. Président, de 1995 à 1998, de l’association 813, qui édite une revue sur les littératures policières, Claude Mesplède a également publié deux polars (Pas de peau pour Miss Amaryllis, 1988 ; Le Cantique des cantines, 1997) et rassemblé ses nombreuses critiques et chroniques dans Trente Ans d’écrits sur le polar. 1982-2012 (2013). En 2018, cet infatigable passeur lance la collection « Double noir » qui associe un classique du polar avec un texte d’un auteur vivant.

Claude Mesplède meurt à Toulouse le 27 décembre 2018.

— Gilles QUINSAT