CHAMBERS sir WILLIAM (1723-1796)
Théoricien, dessinateur de jardins, intime du roi George III, le fondateur de l'Académie, l'architecte anglais sir William Chambers fut investi des plus hautes charges. De longues études dans les grands centres artistiques de l'Europe des Lumières et de lointains voyages lui donnèrent une culture universelle qui lui permit d'élaborer un art raffiné et éclectique.
Fils d'un marchand écossais, Chambers naquit en Suède. Il reçut sa première formation en Angleterre, mais très jeune il fut appelé à visiter l'Europe, l'Inde et la Chine où il voyagera pendant neuf ans pour le compte d'une compagnie commerciale. Vers 1749, il fréquenta à Paris le cours de Jacques-François Blondel où il se lia avec Mique, Peyre et De Wailly. Il passa ensuite cinq ans en Italie, principalement à Rome où il fit partie de ce groupe cosmopolite d'artistes et de théoriciens qui mettaient au point les formules du néo-classicisme. Quand il rentra en Angleterre en 1755, il devint, grâce à l'appui de lord Bute, l'Architectural tutor du prince de Galles, futur George III. Il publia alors deux traités qui établirent sa réputation. Les Designs of Chinese Building (1757) devaient avec la Dissertation on Oriental Gardening (1772) apporter une contribution primordiale au courant exotique européen. Son Treatise on Civil Architecture (1759), consacré essentiellement à l'emploi des ordres et aux problèmes décoratifs, montre un désir de combiner le goût néo-classique avec les traditions de la Renaissance, attitude en légère opposition à un strict retour à l'antique prôné par les frères Adam. À partir de 1757, il construisit dans le parc de Kew pour la princesse douairière de Galles une série d'édifices. L'arc romain, la pagode chinoise, les pavillons et les temples à l'antique, dont les gravures furent publiées en 1763, servirent de modèles à l'Europe entière. L'appui du roi lui permit de gravir rapidement tous les échelons de la carrière officielle. Nommé en 1761 architecte des travaux du roi, il devint contrôleur (1769), pour être élevé en 1782 à la surintendance des bâtiments. Il fut chargé, à partir de 1776, de l'édification à Londres de Somerset House, qui reste son œuvre capitale. Ce très vaste édifice devait répondre à un programme complexe (à la fois bureaux pour les administrations de l'État et lieux de réunion pour les sociétés savantes). Situés entre le Strand et la Tamise, les bâtiments s'ordonnent autour de trois vastes cours. Les élévations et l'ensemble du décor portent la marque d'un éclectisme raffiné, fruit de la formation cosmopolite de l'architecte. Il dut puiser dans ses carnets de voyage maints détails tour à tour florentins, romains ou français. Mais ces réminiscences de Palladio, Ammanati, Michel-Ange ou Salvi, d'Antoine ou de Blondel s'intègrent parfaitement à un ensemble aux grandes dominantes horizontales. À l'intérieur, il développe ses facultés d'invention originale, en donnant pour l'Escalier de la marine (Navy Staircase) un exemple achevé de virtuosité spatiale. Rival des frères Adam, Chambers bâtit de très nombreuses maisons tant à Londres que dans la campagne anglaise. Wilton, Kew, Goodwood, Milton, Woburn, ou Duddingston en Écosse et Marino en Irlande portent toutes la marque d'un palladianisme tempéré où l'on retrouve parfois des souvenirs du classicisme français. Presque toutes possèdent d'intéressants escaliers, éclairés par le haut et décorés d'élégantes rampes de métal. Sans atteindre le raffinement archéologique des Adam, il manifeste dans ses décors intérieurs une totale adhésion à la mode néo-antique inspirée par les peintures et les stucs récemment découverts à Pompéi. Il dessina aussi des objets : carrosses, meubles et vases. Avec Reynolds, Chambers fut un des principaux[...]
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Écrit par
- Monique MOSSER : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles
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