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BATAILLE NICOLAS (actif depuis 1373-1400)

Le rôle de Nicolas Bataille dans l'histoire de la tapisserie du dernier tiers du xive siècle n'a pas été entièrement élucidé. Il apparaît de 1387 à 1400 comme fournisseur de la maison de France, à laquelle il a livré durant cette époque environ deux cent cinquante tapisseries ou tapis. Or des pièces de grande qualité voisinent avec des œuvres médiocres. En fait, il semble bien que Nicolas Bataille ait été avant tout un marchand qui sous-traitait les commandes. En 1373, il est dit « marchand de tapis sarrazinois », ce qui ne laisse guère planer de doute sur sa véritable activité. Rapidement, il réussit à acquérir la bourgeoisie (1376) et à porter les armes. Il est alors attaché au fastueux duc d'Anjou et porte le titre de valet de chambre de monseigneur le Duc. Il lui livre une Histoire d'Hector, puis d'autres œuvres, dont un tapis figurant les Sept Tempéraments. Avant 1377, il reçoit enfin la commande de la fameuse tenture de l'Apocalypse (conservée au château d'Angers), qui devait assurer sa réputation. Il est vraisemblable que, pour exécuter rapidement cette série en sept pièces (140 à 160 mètres de longueur), d'après les cartons d'Hennequin de Bruges, Nicolas Bataille dut faire appel à plusieurs ateliers de tissage. On s'explique ainsi les différences indéniables de tissage que révèle l'analyse. Quoi qu'il en soit, en 1380, l'œuvre est totalement achevée. Après la mort du duc d'Anjou, Bataille est occupé à des travaux très secondaires pour la Cour. En 1389, on trouve mention d'une Histoire de Thésée et de l'Aigle qu'il fournit au duc de Touraine ; en 1390, il fait d'importantes livraisons au duc d'Orléans et, en 1395, au duc de Bourgogne. Enfin, il entreprend en 1397 une tenture extraordinaire des Joutes de Saint-Denis, qui sera tissée par Jacques Dourdin.

Ce grand marchand devait mourir en 1400 en laissant une veuve qui continua pendant un certain temps à gérer activement l'affaire. Celui qui a été considéré pendant des générations comme l'un des plus grands liciers parisiens ne laissait alors aucun métier à tisser, preuve suffisante qu'il avait été avant tout un intermédiaire.

— Alain ERLANDE-BRANDENBURG

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Pour citer cet article

Alain ERLANDE-BRANDENBURG. BATAILLE NICOLAS (actif depuis 1373-1400) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • APOCALYPSE DE JEAN

    • Écrit par Jean HADOT
    • 6 538 mots
    • 3 médias
    ...siècle, exécutée au monastère de Bethléem, près de Louvain (Bibl. de Cambrai, ms. 422). L'œuvre fut réalisée de 1375 à 1380 dans l'atelier parisien de Nicolas Bataille. Elle se composait de sept grandes pièces, d'une longueur totale de 144 mètres sur 5 mètres de haut et comportait 90 tableaux. Il en reste...
  • TAPISSERIE

    • Écrit par Pascal-François BERTRAND
    • 7 938 mots
    • 8 médias
    ...toutefois de dissocier la vente des tapisseries de leur fabrication, les lieux de négoce n'étant pas obligatoirement les mêmes que les centres d'exécution : Nicolas Bataille ainsi que d'autres grands fabricants parisiens (Jacques Dourdin, Pierre de Beaumetz, Jean Lubin...) vendaient non seulement des tapisseries...

Voir aussi