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COUDER ANDRÉ (1897-1979)

Né à Alençon le 27 novembre 1897 et mort à Paris le 16 janvier 1979, fils de médecin, André Couder a pratiqué la science de l'optique avec un grand art. Membre (1946) puis président du Bureau des longitudes (en 1951, 1952 et 1953), membre (l954) puis président de l'Académie des sciences (en 1968), il a consacré toute sa vie à l'étude de l'optique et à la réalisation de grands instruments d'astronomie. Il fut un novateur dans la construction des objectifs et des miroirs de grands télescopes.

La puissance d'une lunette ou d'un télescope dépend essentiellement de trois facteurs : du diamètre de l'objectif ou du miroir, de la qualité de sa forme ainsi que de la stabilité de l'atmosphère à travers laquelle on observe. André Couder a étudié ces divers facteurs avec une finesse jamais égalée.

Dès la fin du xixe siècle, le grand physicien britannique lord Rayleigh avait montré que l'onde transmise ou réfléchie par un instrument d'optique ne devait pas comporter de déformations supérieures à un quart de la longueur d'onde de la lumière pour donner les images les plus fines permises par la nature même de la lumière. Cela nécessite une perfection du même ordre de grandeur, et même plus grande, pour les surfaces optiques. Il faut donc réaliser celles-ci avec la précision extraordinaire du dix-millième de millimètre sur des miroirs qui peuvent atteindre plusieurs mètres de diamètre. André Couder étudia d'abord ce problème sur un cas concret, celui de l'objectif de 49 centimètres de diamètre que l'excellent opticien allemand Mertz avait réalisé en 1880 pour l'observatoire de Strasbourg mais qui présentait certains défauts étudiés d'abord par Würtz puis par André Danjon. À la demande de ce dernier, il reprit cette étude et montra que les défauts de l'objectif provenaient de deux causes : une taille défectueuse d'une surface mal retouchée et un défaut de verre du disque de flint. De plus, il montra qu'il était possible de compenser la biréfringence par une petite lame cristalline située près de l'oculaire. Grâce à lui, l'objectif de Strasbourg devint parfait.

Pour la taille d'un miroir, André Couder a introduit une méthode originale qui permet d'éliminer la plupart des défauts locaux de surface, zones concentriques ou mamelonnage. Dans de nombreux laboratoires d'optique, on taille le miroir avec un outil aussi rigide que possible et donc très lourd ; à la fin de la taille, on obtient alors nécessairement une sphère qu'il faut transformer par retouches locales en paraboloïde ou en la surface désirée. C'est pendant cette retouche qu'on introduit en général les défauts locaux. On sait aujourd'hui, par fraisage à la meule à diamant, donner à la surface du disque à tailler une forme très voisine de celle qu'on désire. Dans la méthode élaborée par André Couder, on pose sur cette surface un outil en bois sur lequel sont collés des carreaux de céramique. Cet outil est flexible et, par déformation élastique, épouse la forme du miroir, qu'on peut ainsi polir en lui gardant sa forme. Pendant la taille, on examine la surface obtenue et on contrôle l'action de l'outil. Si, par exemple, l'usure est trop forte en certaines zones, on diminue l'usure dans ces régions en enlevant des carreaux en certains endroits. Les miroirs ainsi obtenus sont remarquables par l'absence de zones et de mamelonnage. Le miroir de 360 centimètres de diamètre fabriqué par André Bayle au sein de la société Réosc, suivant les idées d'André Couder, est un des meilleurs miroirs jamais réalisés. Il est installé au Chili (Observatoire européen austral). Ce miroir est en silice, donc très peu sensible à la dilatation.

La surface d'un miroir se déforme par flexion lorsqu'elle n'est[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Provence (Marseille), membre de l'Institut, directeur de l'Observatoire de Haute-Provence

Classification

Pour citer cet article

Charles FEHRENBACH. COUDER ANDRÉ (1897-1979) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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