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MĀWARDĪ AL- (mort en 1058)

Juriste musulman, mort à Bagdad, qui joua un rôle de première importance : il a formulé une théorie politique du califat, appliquant notamment sa réflexion à sa nature et à l'autorité du calife, points laissés dans une relative obscurité par Mahomet. Jeune, al-Māwardī étudie la théologie la plus orthodoxe d'une manière très approfondie. Il entre au service du calife et mène de nombreuses négociations diplomatiques avec des princes voisins. Son activité s'exerce à une époque critique, celle où les émirs būyides, qui, depuis 946, avaient assujetti les califes de Bagdad à leur autorité temporelle, sont affaiblis par des dissensions internes et par des révoltes militaires. Le moment semble propice pour tenter de réaffirmer l'autorité califale et al-Māwardī reçoit la mission de rédiger un état précis des prérogatives du calife, sanctionnées par la loi religieuse. Ses Ordonnances pour un gouvernement constituent une importante réflexion théorique sur la nature du pouvoir politique musulman : al-Māwardī tente d'y ajuster l'idéal musulman orthodoxe du califat avec les nécessités de l'époque et, dans son traité, se penche sur les droits et devoirs du calife et sur les modes d'élection de celui-ci. Il commet une erreur politique de taille en ces époques troublées. Il affirme en effet que, si des gouverneurs de province usurpent le pouvoir, chose fréquente à l'époque, il incombe au calife de les absoudre pour sauvegarder le bien-être de ses sujets. Ironie du sort : la suite de l'histoire du califat de Bagdad allait donner à nombre de califes l'occasion de ne pas suivre ce conseil, ce qui précipita l'Islam dans une longue suite de guerres civiles.

— Yves THORAVAL

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Écrit par

  • : diplômé de l'Institut national des langues et civilisations orientales, docteur de troisième cycle

Classification

Pour citer cet article

Yves THORAVAL. MĀWARDĪ AL- (mort en 1058) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MUSULMAN DROIT

    • Écrit par Pascal BURESI
    • 4 398 mots
    • 2 médias
    ...philosophie aristotélicienne, prônant une « revivification des sciences religieuses » sur une base mystique ; de leur côté, les Statuts gouvernementaux d' al-Mawardi (mort en 1058) et les « Miroirs de princes » de la fin du Moyen Âge ont inspiré bien des juristes et réformateurs musulmans. Ils ont fait autorité...
  • ISLAM (La civilisation islamique) - Islam et politique

    • Écrit par Louis GARDET, Olivier ROY
    • 11 501 mots
    • 2 médias
    ...de la cité. L'un des plus marquants, le plus marquant peut-être, s'intitule Al-Aḥkām al-sulṭāniyya (Les Statuts gouvernementaux). L'auteur, Māwardī, est du ive-ve siècle de l'hégire. Les « règles de droit public et administratif » qu'il expose font constamment appel aux meilleures traditions...
  • SUNNISME

    • Écrit par Roger ARNALDEZ
    • 3 612 mots
    ...politique. S'il y eut des théories sunnites, il n'y eut pas de théoriciens du sunnisme. Cette souplesse apparaît clairement dans la théorie du califat chez Mawardī. Après avoir établi que la désignation du calife repose sur un choix (ikhtiyār, à la différence des shī‘ites qui l'appuyaient sur un texte,...

Voir aussi