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AFRIQUE NOIRE (Arts) Un foisonnement artistique

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Évolution des approches de l'art africain

Dès que les amateurs de curiosités exotiques, puis les artistes et les savants se furent intéressés aux productions nègres, ils éprouvèrent le besoin de les intégrer dans une classification qui les situerait par rapport aux expressions esthétiques occidentales et en expliquerait à la fois le sens et la forme.

Les inventaires

Le répertoire pur et simple des collections anciennes a servi de cadre aux premières catégorisations des arts africains. Les pièces exotiques dont on ne connaît qu'approximativement la provenance sont encore, au xviiie siècle, des « objets de curiosité ». Au xixe siècle, c'est plutôt l'objet ethnographique que l'objet d'art proprement dit qui intéresse les savants. Les pièces, à leur arrivée en Occident, sont étudiées, répertoriées, classées comme des éléments matériels de la culture relevant des domaines de la religion, de la magie et plus généralement de l'initiation. La notion d'esthétique africaine (a fortiori celle de style régional ou tribal) n'est pas encore perçue en tant que telle. Les objets rituels sont les expressions barbares d'un art sauvage, considéré comme une forme primaire de la culture humaine.

Les classifications régionales et tribales

À mesure que les pièces affluaient en Europe, l'intérêt pour toutes les productions africaines grandissait, mais il fallut attendre la « découverte » des cubistes pour qu'une véritable mode artistique se développe. Les collections constituées à cette époque ne rendirent pas les services qu'on aurait pu en attendre, car l'ethnologie du début du xxe siècle, tournée vers l'histoire des civilisations, les synthèses sociologiques et la muséographie analytique, empêchait toute recherche particulière sur les problèmes de la création plastique. Les classifications restent générales. Eckart von Sydow (1923) distingue deux grandes régions : l'Afrique occidentale et centrale, qui possède un art élaboré, et l'Afrique orientale et australe avec un style plus fruste nommé Pfahlplastikou « style du poteau ». Georges Hardy (1927) tente de trouver une liaison entre l'art plastique et le milieu naturel où il s'est développé : l'art de la savane, épanoui dans un milieu aux grands espaces inondés de lumière, est symbolique et abstrait, tandis que l'art de la forêt, apparu dans un milieu hostile à l'horizon limité, est plus réaliste. A. Basler (1929), moins dogmatique, esquisse les grands traits des particularités propres de la sculpture noire, distincte des arts des autres continents, en délimitant de vastes régions stylistiques. Ces premières tentatives scientifiques, intéressantes à leur époque, furent surtout limitées par la faible représentativité de la documentation tant iconographique qu'ethnographique, peut-être aussi par l'ambition prématurée qu'elles avaient de vouloir immédiatement aboutir à une vision synthétique.

Cette tendance « régionaliste », au début un peu vague, a été reprise après 1945 par William Fagg, qui, par l'étude approfondie des arts du Nigeria, d'une part, et de toute l'Afrique noire à travers les grandes collections occidentales, d'autre part, est arrivé à définir le concept de « tribalité » des arts africains. Selon lui, les expressions plastiques, liées aux croyances et aux rituels, doivent être vues comme éminemment caractéristiques d'un univers tribal dont elles sont les témoignages privilégiés.

Les classifications morphologiques

L'intérêt proprement morphologique et esthétique que les cubistes portèrent aux statues « nègres » catalysa l'attention générale et fit reconnaître les sculptures de l'Afrique et de l'Océanie comme l'expression d'un art véritable.

Carl Einstein (1915) s'attacha[...]

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Écrit par

  • : ethnologue, directeur de recherche honoraire de l'Institut de recherche pour le développement (I.R.D., ex-O.R.S.T.O.M.)

Classification

Pour citer cet article

Louis PERROIS. AFRIQUE NOIRE (Arts) - Un foisonnement artistique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 22/05/2023

Médias

Porte pounou - crédits : ni Schneebeli,  Bridgeman Images

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Bronze du Bénin - crédits : City of Detroit Purchase,  Bridgeman Images

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