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ACADÉMISME

Le terme « académisme » se rapporte aux attitudes et principes enseignés dans des écoles d'art dûment organisées, habituellement appelées académies de peinture, ainsi qu'aux œuvres d'art et jugements critiques, produits conformément à ces principes par des académiciens, c'est-à-dire par les membres des écoles, qu'ils soient professeurs, étudiants ou partisans de leurs méthodes. Ce mot se rapporte donc à un milieu et aux produits de ce milieu. Comme les académiciens ont presque toujours adapté leur enseignement au goût de chaque époque, l'académisme n'est pas un style historique ; pour la même raison, ce n'est pas non plus un mouvement artistique.

Dans une acception plus commune, le terme sert à décrire des œuvres d'art habiles, intellectuellement ambitieuses, mais sans succès. C'est là utiliser le terme dans un sens péjoratif pour décrire les échecs des écoles, ce sens nie ou ignore les contributions faites par les académies à l'art occidental. Génie et talent sont innés, ils peuvent être raffinés par l'entraînement, mais non créés par des cours. Néanmoins, la peinture et la sculpture sont des arts manuels, et il faut bien en apprendre les techniques quelque part. Jusqu'à ces derniers temps, les académies avaient sagement limité leurs leçons à des connaissances objectives pouvant se réduire en règles et préceptes, et se démontrer par l'exemple. Que cette formation favorisait les talents plutôt qu'elle ne les écrasait est prouvé par la vitalité continuelle et la grande habileté technique d'artistes formés dans des académies depuis le xviiie siècle. La plupart des plus grands innovateurs du début du xxe siècle furent ainsi formés.

Le programme d'études des académies de peinture fut élaboré aux xve et xvie siècles par les artistes eux-mêmes, pour faire face aux exigences de la peinture humaniste de l'histoire. La formation traditionnelle des élèves n'avait pas assez insisté sur l'étude de la forme humaine. Les premières académies consistaient en réunions amicales de jeunes artistes, qui se rassemblaient durant leurs loisirs, pour s'enseigner mutuellement de nouvelles méthodes ou pour s'entraîner au dessin sur des modèles vivants. Les techniques de dessin qu'ils développèrent demeurèrent le fond de l'enseignement académique jusqu'à une époque récente. S'il existe un trait constant de l'art académique, c'est l'utilisation de la forme humaine comme véhicule premier de sens et d'expression.

Le danger de tout système d'enseignement est que les professeurs risquent de devenir des pédants et les habiletés techniques des règles. Une attitude critique, purement légaliste, en est souvent le résultat, produit d'esprits étroits plutôt que trop exercés, qualifié fréquemment d'« académisme ».

Les académies sont encore la source principale de la formation artistique. Le programme d'études est plus intuitif, d'une organisation moins rationnelle qu'auparavant, et leurs étudiants sont moins soumis à la discipline. L'ironie veut que cette atmosphère de liberté soit encore occasion d'intolérance envers des styles autres que ceux qui sont en vogue à l'heure actuelle.

L'évolution de la formation académique. L'apprentissage

Avant la fin du xvie siècle, époque où furent fondées les académies, sculpteurs et peintres ne pouvaient apprendre leur profession qu'en étant « apprentis » de maîtres accrédités par la corporation locale. Ce système fonctionnait efficacement dans la plus grande partie de l'Europe, depuis environ 1350, et continua de pair avec le système académique jusqu'à la Révolution. On avait légalement défini la période d'apprentissage comme étant un stage pratique ; l'apprenti était plus un aide à la production qu'un étudiant.[...]

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Pour citer cet article

Gerald M. ACKERMAN. ACADÉMISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Leon Battista Alberti - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Leon Battista Alberti

<it>Halte dans une auberge</it>, J.-L. E. Meissonier - crédits :  Bridgeman Images

Halte dans une auberge, J.-L. E. Meissonier

Autres références

  • ACADÉMIES

    • Écrit par Nathalie HEINICH
    • 5 952 mots

    L'académie telle qu'elle se développe à partir du Quattrocento italien, dans le grand mouvement de retour à l'Antiquité qui caractérise la Renaissance, est inspirée du modèle grec de l'akademia (le jardin où enseignait Platon). Elle s'épanouit dans toute l'Europe à l'âge...

  • ANATOMIE ARTISTIQUE

    • Écrit par Jacques GUILLERME
    • 8 926 mots
    • 7 médias
    La doctrine académique va bientôt chercher ses modèles dans la statuaire antique, H. Testelin proclame en 1670, dans les débats de l'Académie de peinture et de sculpture, que « l'étude des belles figures antiques est très nécessaire dans le commencement et même plus avantageuse que le naturel » ; et...
  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

    • Écrit par Jacques CARRÉ, Barthélémy JOBERT
    • 8 176 mots
    • 12 médias
    La peinture victorienne, il faut en convenir, offre le plus souvent le spectacle de l'académisme le plus figé. Le réalisme minutieux de la plupart des peintres les plus appréciés à l'époque est mis au service d'un moralisme conventionnel ou d'un pittoresque de pacotille. Les panoramas bibliques de John...
  • ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - L'architecte

    • Écrit par Florent CHAMPY, Carol HEITZ, Roland MARTIN, Raymonde MOULIN, Daniel RABREAU
    • 16 589 mots
    • 10 médias
    ...l'enseignement était artistique. Sur le caractère « routinisé » de cet enseignement, pour reprendre la terminologie de Max Weber, on a tout dit ou presque. L'École, prisonnière d'un académisme dans lequel l'idée du beau se réduit à un système de modèles et la pratique à un système de règles, s'est...
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Voir aussi