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Médicament : le génie génétique

La somatostatine est une hormone qui est utilisée en gastroentérologie. Sa composition chimique est celle d'un peptide, une suite de 14 acides aminés. On appelle code génétique, la règle qui permet de traduire en peptide un gène situé dans l'ADN d'une cellule. Sur l'ADN, chaque ensemble de 3 nucléotides, appelé codon, code pour un et un seul acide aminé. En revanche plusieurs codons différents peuvent coder pour le même acide.
En 1977, Herbert Boyer et Stanislas Cohen de la société Genentech en Californie synthétisent, grâce au code génétique, des gènes codant pour la somatostatine humaine. Dans un plasmide, anneau d'ADN qu'ils coupent à l'aide d'une enzyme de restriction, ils logent, grâce à une »ligase« le gène synthétisé par eux, accompagné d'un gène marqueur. Ayant refermé l'anneau d'ADN, la ligase se détache : le plasmide est dit recombinant.
Rendues perméables par du chlorure de calcium, certaines bactéries Escherichia coli intègrent ce plasmide recombinant. Pour trier les bactéries recombinées et celles qui ne le sont pas, on introduit un réactif virant au bleu en présence du marqueur.
Les bactéries recombinées produisent à partir du gène hybride un ARN messager auquel se fixeront des ribosomes. La transcription de l'ADN par une ARN polymérase constitue une copie de l'information génétique contenue dans le plasmide. Des ribosomes bactériens traduisent l'ARNm dés sa formation en une molécule peptidique fusionnant somatostatine et marqueur. Un traitement chimique permettra de séparer ces deux composants, afin d'obtenir la somatostatine seule. Avec ces expériences, l'homme parvient pour la première fois à modifier génétiquement une bactérie pour lui faire produire une protéine humaine, qui pourra servir de médicament.
Auteur : Nicolas Chevassus-au-louis