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La Cour suprême des États-Unis entre conservatisme et libéralisme

Sauf exceptions, la Cour suprême défendit les intérêts patronaux plutôt que ceux des salariés, même après la Grande Dépression de 1929.
Élu président en 1933, Franklin Roosevelt fait voter des lois d'urgence pour lutter contre la crise. Celles-ci sont déclarées inconstitutionnelles par la Cour, hostile à l'interventionnisme économique. En représailles, Roosevelt tenta vainement d'augmenter le nombre de juges à la Cour.
Dans ce conflit opposant le législatif et l'exécutif à la Cour suprême, Roosevelt affirmait avoir gagné la guerre bien qu'il ait perdu la bataille. De fait, la Cour se montra vite plus accommodante à l'égard du New Deal, et finit même par s'y rallier.
Entre 1890 et 1937, les juges s'étaient comportés en privilégiés, jaloux de leurs prérogatives. Les choses ont changé quand surgirent des affaires touchant à la liberté d'expression, à la liberté religieuse, aux droits collectifs, questions fort éloignées de la traditionnelle défense de la libre entreprise.
Juges et législateurs ont longtemps éludé la question de l'égalité raciale, pourtant énoncée dans le 14e amendement. En 1896, la décision Plessy contre Ferguson autorisait la ségrégation raciale et validait la doctrine dite « des établissements scolaires égaux mais distincts ».
Cette jurisprudence fut renversée sous l'impulsion du président Earl Warren. En 1954, dans l'affaire Brown, la Cour déclara que les écoles pratiquant la ségrégation violent le 14e amendement, mais que ses pouvoirs ne lui permettaient pas d'assurer l'effectivité de ce principe, du seul ressort de l'exécutif et du législatif.
La discrimination raciale n'a été véritablement bannie qu'avec les lois sur les droits civiques, en 1964, et sur le droit de vote, en 1966. La Cour ne peut à elle seule changer la société. Cela dépend en dernière instance de l'acceptation du peuple et de la coopération entre exécutif et législatif.