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Sur les traces de Marco Polo

À l'en croire, Marco Polo aurait accompagné son père et son oncle pour leur seconde expédition en Chine, de 1271 à 1295. Arrivés à Saint-Jean-d'Acre par bateau depuis Venise, ils rejoignent Layas, porte de l'Orient sur le golfe d'Alexandrette, dans le royaume chrétien de Petite Arménie. Par la Grande Arménie, soumise aux Mongols, ils gagnent Tabriz, capitale des Ilkhan d'Iran. Parvenus à Ormuz, ils remontent jusqu'à Balkh, dans le nord de l'Afghanistan. Le Pamir franchi, ils atteignent Kachgar et empruntent la route de la soie au sud du désert du Takla Makan jusqu'à l'oasis de Dunhuang, puis au sud du désert de Gobi jusqu'au fleuve Jaune. Ils parviennent enfin à Changdu, résidence d'été de Kubilaï, en 1274.
Au cours des dix-sept années de son séjour au Cathay, Marco Polo réussit à entrer au service du grand khan Kubilaï, qui a fixé sa capitale à Khanbalik. Une de ses missions le conduit à Chang'an, l'ancienne capitale des Tang, puis à Chengdu, et, au-delà du Sichuan - qu'il prend pour le Tibet -, jusqu'au Yunnan. Il aurait aussi gouverné durant trois ans la ville de Yangzhou, sur le bas Yangzi.
Pour le voyage de retour, Marco Polo suit le Grand Canal depuis Khanbalik. Il entre dans le pays de Mangi, la Chine du Sud. Par Yangzhou et Suzhou, il arrive à Kinsai. De là, il rejoint le port de Çayton, où il s'embarque. Il longe les côtes du royaume du Champa, passe le détroit de Malacca, double Ceylan et suit les côtes de l'Inde et de l'Iran jusqu'à Ormuz, d'où il gagne par la terre Trébizonde.
Première description d'un monde asiatique inconnu de la chrétienté, Le Devisement du monde connut un succès fulgurant comme récit merveilleux. Mais il inspire aussi les premières cartes d'Occident. L'Atlas catalan, de 1375, lui doit toute sa partie orientale. Dans sa quête des Indes par la route de l'ouest, Christophe Colomb emporta le livre écrit deux siècles plus tôt par le commerçant vénitien.
Auteur : Pierre-Yves Badel