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9-26 septembre 1996

France. Unanimité contre les propos de Jean-Marie Le Pen sur l'inégalité des races

Le 9, interrogé sur Europe 1, le président du Front national (F.N.) Jean-Marie Le Pen « constate que les races sont inégales », comme il l'avait déjà fait devant l'université d'été de son mouvement, le 30 août, à La Grande-Motte (Hérault). Ce discours répété entraîne des réactions de rejet quasi unanimes au sein de la classe politique.

Le 10, Henri Emmanuelli, ancien premier secrétaire du Parti socialiste (P.S.), demande l'« interdiction » du F.N.

Le 13, en voyage en Pologne où il a visité le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, le président Chirac appelle à « rejeter ceux qui répandent des doctrines d'exclusion ».

Le 14, jour des obsèques d'un adolescent tué le 9, à Marseille, par un jeune Français d'origine marocaine, le F.N. organise une manifestation contre « l'immigration et l'insécurité » qui réunit quelque cinq mille personnes dans la cité phocéenne, malgré le refus de toute « politisation » du drame exprimé par la famille de la victime. Jean-Marie Le Pen déclare que « le principal coupable [du drame], c'est l'État décadent et impuissant ».

Le 14 également, le président du F.N. demande aux cadres de son mouvement réunis en conseil national à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) de se « préparer » à la « révolution » qui adviendra lorsque « les structures vermoulues [du] système vont s'écrouler ».

Le 15, au premier tour d'une élection cantonale partielle à Toulon (Var), le F.N. – qui détient déjà la mairie de la ville –, remporte 34,41 p. 100 des suffrages.

Le 16, Lionel Jospin, premier secrétaire du P.S., déclare que le combat contre le F.N. doit être « essentiellement politique et secondairement juridique ». Écarté du second tour, le candidat socialiste à l'élection cantonale de Toulon appelle à voter pour le candidat de la majorité afin de « faire barrage au F.N. ». Le candidat communiste fera de même. Le 22, le candidat R.P.R. sera élu avec 54,16 p. 100 des voix. La même stratégie de front républicain permettra au candidat U.D.F.-F.D. de battre le candidat F.N. lors d'une autre élection cantonale partielle à Chaville (Hauts-de-Seine), le même jour.

Le 17, deux jours avant la visite en France du pape Jean-Paul II, le comité épiscopal des migrations publie une déclaration qui dénonce comme « inacceptables [...] pour un chrétien » les propos de Jean-Marie Le Pen sur l'inégalité des races. Le même jour, le cardinal Lustiger, archevêque de Paris, déclare que le discours du président du F.N. est « dangereux pour la conscience morale d'une nation ».

Le 19, le Premier ministre Alain Juppé qualifie Jean-Marie Le Pen de « raciste, antisémite et xénophobe ».

Le 20, le garde des Sceaux Jacques Toubon, qui estime que les lois en vigueur ne permettent pas de poursuivre le président du F.N. pour ses propos sur l'inégalité des races, transmet à la Commission consultative des droits de l'homme l'avant-projet de loi antiraciste qui institue un délit de « diffusion de messages racistes ou xénophobes ». Tandis que Jean-Marie Le Pen dénonce cette « loi scélérate », les journalistes s'inquiètent des menaces d'atteinte à la liberté d'expression.

Le 26, la Commission consultative des droits de l'homme approuve le principe du renforcement de la législation antiraciste, mais préconise une redéfinition du délit visé.

Le 26 également, les Partis socialiste, communiste et radical-socialiste ainsi que le Mouvement des citoyens et les Verts décident de créer un Comité national de vigilance contre l'extrême droite.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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