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4-31 mars 1994

Afrique du Sud. Menaces de boycottage avant les premières élections multiraciales

Le 4, le mouvement Inkatha, à dominante zoulou, de Mangosuthu Buthelezi et le Front de la liberté, parti créé pour la circonstance par le général Constand Viljoen, chef du Front du peuple afrikaner (A.V.F., extrême droite), s'inscrivent sur la liste des partis politiques, close le même jour à minuit, se réservant ainsi la possibilité de participer aux premières élections multiraciales prévues en avril. L'Inkatha conditionne toutefois sa participation à l'organisation d'une médiation internationale au sujet des conflits institutionnels en suspens, que le chef du Congrès national africain (A.N.C.) Nelson Mandela accepte, mais que le président Frederik De Klerk refuse. Le refus de l'A.V.F., finalement, de participer aux élections incitera Constand Viljoen, le 12, à annoncer son départ de cette formation.

Le 7, le gouvernement du Bophuthatswana, homeland dont l'« indépendance » accordée par Pretoria en décembre 1977 n'est reconnue par aucun autre État, décide de ne pas participer aux élections multiraciales d'avril. Son président Lucas Mangope est membre de l'Alliance de la liberté qui regroupe l'extrême droite blanche et les conservateurs noirs. Des manifestations hostiles au boycottage électoral s'ajoutent à la grève des services publics qui sévit depuis un mois dans le bantoustan.

Le 10, la fraternisation des forces de l'ordre du Bophuthatswana avec les manifestants partisans de la réintégration du homeland au sein de l'Afrique du Sud entraîne la fuite du président Mangope, malgré l'appui de milices armées envoyées par le Mouvement de résistance afrikaner (extrême droite).

Le 11, le Bophuthatswana est placé sous la tutelle conjointe du gouvernement sud-africain et du Conseil exécutif de transition qui décident que ses habitants participeront aux élections. Il est réintégré de facto au sein de l'Afrique du Sud.

Le 13, Lucas Mangope et arrêté.

Le 15, Nelson Mandela effectue une tournée triomphale au Bophuthatswana où son parti était jusqu'alors interdit.

Le 16, à l'expiration du délai légal, l'Inkatha n'a finalement déposé aucune liste de candidats aux élections d'avril, contrairement au Front de la liberté.

Le 18, après la publication du rapport officiel sur les causes des violences politiques qui ont provoqué au moins 15 000 morts en quatre ans, le président De Klerk relève de leurs fonctions trois hauts responsables de la police qui sont accusés d'avoir fourni des armes à l'Inkatha en lutte contre l'A.N.C.

Le 22, le chef de la junte au pouvoir au Ciskei, le général Oupa Gqozo, démissionne sous la pression des autorités sud-africaines. « Indépendant » depuis décembre 1981, ce bantoustan connaissait depuis quelque temps une situation sociale et politique identique à celle du Bophuthatswana avant la chute du président Mangope. Le Ciskei est également réintégré à l'Afrique du Sud. Dans le même temps, la tension monte au Natal entre partisans de l'Inkatha – dont le fief, le bantoustan autonome du Kwazulu, est enclavé dans cette province – et militants de l'A.N.C. L'Inkatha empêche l'organisation des élections au Kwazulu où son chef, Mangosuthu Buthelezi, assume les fonctions de Premier ministre.

Le 28, une manifestation organisée par l'Inkatha à Johannesburg s'achève par des affrontements avec des membres de l'A.N.C. et les forces de l'ordre, qui causent une trentaine de morts.

Le 31, le président De Klerk instaure l'état d'urgence dans la province du Natal et dans le bantoustan du Kwazulu afin d'y permettre le bon déroulement du processus électoral.

— Universalis

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