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23-31 mars 1983

France. Mise en place du plan de rigueur

Le 23, dans une allocution télévisée, François Mitterrand appelle à une mobilisation « sans faiblesse et sans complaisance ». Il rappelle les trois fronts sur lesquels « nous avons plus que jamais à vaincre » : le chômage, l'inflation, le commerce extérieur. Après avoir constaté pour le chômage une limitation de sa croissance depuis quatorze mois, il fixe comme objectifs de « ramener l'inflation à un niveau comparable à celui de nos concurrents » et de « rétablir en deux ans l'équilibre de notre commerce extérieur ». Sans entrer dans le détail des mesures en préparation pour accompagner le réajustement monétaire européen du 21, François Mitterrand engage les Français à choisir les productions nationales et à épargner « quand on le peut, plutôt que de consommer lorsque c'est superflu ».

Le 25, le gouvernement rend publiques des mesures de rigueur qui devraient se traduire par une réduction de 65 milliards de francs de la demande intérieure globale en 1983, soit l'équivalent de 2 p. 100 du produit national brut. Présentant ce programme, dont il reconnaît qu'il entraînera sans doute une baisse du pouvoir d'achat moyen des ménages, Jacques Delors déclare qu'il ne constitue « pas un changement, mais l'approfondissement de celui de juin 1982 ». Parmi les mesures annoncées, c'est celle qui limite l'allocation de devises pour les touristes à l'étranger à 2 000 francs de devises étrangères par adulte et par an, plus 1 000 francs en monnaie française par voyage, qui soulève les plus vives protestations. Sont également prévus, pour encourager l'épargne : un emprunt obligatoire sur trois ans, égal à 10 p. 100 de l'impôt sur les revenus de 1981 et de l'impôt sur les grandes fortunes, il concerne les contribuables payant plus de 5 000 francs d'impôts ; des mesures en faveur de l'épargne logement ; une augmentation du plafond des caisses d'épargne ; l'institution de fonds salariaux pour le développement industriel et la création d'emplois. Ces mesures en faveur de l'épargne devraient rapporter environ 20 milliards de francs. Afin de réduire le déficit de la Sécurité sociale, une économie de 4 milliards de francs devra être réalisée ; de plus un prélèvement de 1 p. 100 sur l'ensemble des revenus imposables est décidé (11 milliards de recettes prévues) ; la vignette sur les tabacs, celle sur les alcools, ainsi que le forfait hospitalier entreront en vigueur, la première le 1er juillet et les deux autres le 1er avril. En matière budgétaire, l'objectif fixé est de réduire de 20 milliards de francs le déficit au moyen de 15 milliards d'économies et de 5 milliards de recettes nouvelles. Les besoins de financement des entreprises publiques – E.D.F.-G.D.F., S.N.C.F., R.A.T.P. – seront diminués de 11 milliards ; en partie grâce à la hausse accélérée de leurs tarifs. Enfin, un « ajustement » de la taxe intérieure sur les produits pétroliers permettra de maintenir les prix des carburants à leur niveau antérieur, malgré la baisse des tarifs décidée par l'O.P.E.P.

Le 31, alors que les syndicats se montrent plutôt critiques à l'égard de ce plan qui risque, selon eux, d'entraîner une diminution de l'activité dans certains secteurs et donc d'accroître le chômage, Pierre Mauroy souligne devant les députés socialistes qu'« il était indispensable d'obtenir une prise de conscience de l'opinion ».

— Universalis

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