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1er-31 mars 1998

Yougoslavie. Regain de tension au Kosovo

Le 1er, le bilan de deux jours d'affrontements entre les Albanais du Kosovo et les forces de l'ordre serbes, dans la région de Drenica, s'élève à une trentaine de morts. Ce sont les incidents les plus violents depuis la reprise, en 1996, de l'agitation liée au refus de Belgrade de rétablir le statut d'autonomie dont le Kosovo bénéficiait jusqu'en mars 1989. Cette région, aujourd'hui peuplée à 90 p. 100 d'Albanais, est considérée par les Serbes comme le berceau de leur culture. Les risques de contagion régionale occasionnés par ces troubles suscitent l'inquiétude de la communauté internationale, notamment des États-Unis et de l'Union européenne, qui mettent en cause le président Slobodan Milošević. De son côté, Belgrade dénonce le « terrorisme » de l'Armée de libération du Kosovo (U.C.K.), séparatiste, dont les premières actions remontent à février 1996.

Le 5, les forces de l'ordre lancent une nouvelle opération dans la région de Drenica, bastion de l'U.C.K. La population fuit la zone des combats. L'offensive serbe, qui se poursuivra jusqu'au 8, fera une cinquantaine de morts.

Le 6, Ibrahim Rugova, chef de la Ligue démocratique du Kosovo (L.D.K.) et « président de la République du Kosovo » élu en mai 1992 au terme d'un scrutin non reconnu, accuse les Serbes de se livrer à un « nettoyage ethnique » dans la province. De son côté, la Russie met en garde les pays occidentaux contre toute « ingérence » dans les affaires intérieures yougoslaves.

Le 9, à Londres, les six pays du Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie (Allemagne, États-Unis, France, Italie, Royaume-Uni, Russie) adoptent une série de mesures contre les acteurs de la répression au Kosovo ; ils appellent le président Milošević à mettre un terme à cette répression dans un délai de dix jours et à engager un dialogue avec la communauté albanaise ; ils saisissent le Conseil de sécurité de l'O.N.U. et le Tribunal pénal international ; ils confient une mission de médiation à l'Espagnol Felipe González ; enfin, ils condamnent l'U.C.K., se déclarant hostiles à l'indépendance du Kosovo, mais favorables à « un degré supérieur d'autonomie » pour cette région.

Le 18, à Priština, quelque cinquante mille Albanais défilent en faveur de l'indépendance, au cours d'une manifestation sans précédent dans la capitale de la province.

Le 22 se déroule dans le calme un scrutin présidentiel et législatif organisé par la L.D.K., mais reconnu ni par Belgrade ni par la communauté internationale.

Le 24, une vingtaine de milliers de manifestants serbes protestent, dans les rues de Priština, contre les visées indépendantistes des Albanais du Kosovo.

Le 25, le Groupe de contact repousse d'un mois l'adoption de sanctions supplémentaires à l'encontre de Belgrade.

Le 31, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité moins une abstention, celle de la Chine, la résolution 1160 qui prévoit un embargo sur les armes à l'encontre de la Yougoslavie.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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