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1er-31 mars 1991

U.R.S.S.. Référendums, grèves et manifestations

Le 1er, les mineurs du bassin du Donbass, en Ukraine, entament une grève illimitée pour réclamer des hausses de salaires atteignant parfois 150 p. 100. Le mouvement s'étend les jours suivants et gagne le Kouzbass, en Sibérie, tandis que les revendications s'élargissent jusqu'à réclamer le départ de Mikhaïl Gorbatchev.

Le 3, les électeurs de deux des trois républiques baltes, la Lettonie et l'Estonie, sont invités par les autorités locales à se prononcer par référendum sur leur indépendance. Avec une participation de 88 p. 100 dans la première, et de 82 p. 100 dans la seconde, les résultats sont identiques : les « oui » atteignent 77 p. 100 des votants, en dépit de la présence d'une population non balte (essentiellement russe) de près de 50 p. 100 en Lettonie et de 40 p. 100 en Estonie. Moins d'un mois après les Lituaniens, les autres Baltes prennent des garanties, à la veille de la consultation prévue à l'échelle de l'Union, le 17, qu'ils ont décidé de boycotter.

Le 6, Mikhaïl Gorbatchev réunit à Moscou le Conseil de la fédération regroupant les présidents des républiques soviétiques. Huit d'entre eux sur quinze – dont Boris Eltsine, le président russe – sont présents pour approuver un nouveau projet de traité de l'Union plus souple, prévoyant la délégation de compétences particulières à certaines républiques, voire la possibilité pour elles de quitter l'Union dans des conditions fixées par ses membres.

Le 10, environ trois cent mille manifestants défilent à Moscou à l'appel du mouvement Russie démocratique pour soutenir les mineurs en grève, réclamer le départ du chef de l'État, appeler à voter « non » au référendum, et surtout acclamer le nom de Boris Eltsine.

Le 17, le référendum sur le « maintien d'une Union rénovée » a lieu sans incidents dans neuf des quinze républiques, les six indépendantistes (les trois baltes, la Géorgie, l'Arménie et la Moldavie) ayant refusé de l'organiser. Les résultats sont globalement satisfaisants pour Mikhaïl Gorbatchev, avec 76 p. 100 de « oui » dans l'ensemble de l'U.R.S.S. Mais les villes lui sont moins favorables (50,02 p. 100 de « oui » à Moscou et 50,5 p. 100 à Leningrad, une majorité de « non » à Kiev). Quant à Boris Eltsine, il renforce sa position face à la majorité conservatrice du Congrès de Russie en obtenant un vote favorable à la question annexe qu'il avait posée : 69,85 p. 100 d'électeurs se déclarent favorables à l'élection du président russe au suffrage universel.

Le 28, à l'appel du mouvement Russie démocratique, et malgré l'interdiction du pouvoir central qui déploie cinquante mille hommes pour interdire l'accès à la place Rouge, environ deux cent mille personnes manifestent à Moscou leur soutien à Boris Eltsine. Les députés de Russie, qui se réunissent le même jour au Kremlin, ajournent leurs travaux, refusant de siéger sous la menace des fusils.

Le 31, la république de Géorgie, qui n'a pas participé au vote du 17, organise à son tour son propre référendum : les électeurs (3,4 millions, dont 90,5 p. 100 prennent part au scrutin) se prononcent massivement (98,93 p. 100) en faveur de l'indépendance. Comme en Lettonie et en Estonie, les minorités non géorgiennes, qui représentent environ 30 p. 100 de la population, ont également voté dans ce sens.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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